La fermeture d'une classe de maternelle : on résiste !

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Date de l'évènement: 
Mercredi, 20 Mai, 2015

Le mercredi 20 mai (2015), le maire Gérard Le Caër et son adjointe à l'éducation, Cinderella Bernard avaient appelé les parents d'élèves à une information et à un débat au sujet de la problématique...

...  de l'école publique de Bégard.  "Nous avons souhaité cette réunion pour faire le point de la situation avec cette fermeture de classe sur Baloré, introduit le maire. Cela va être difficile, d'autant qu'une fermeture est programmée l'an prochain à Trézélan eu égard au départ d'une cohorte importante d'élèves du CM2 vers la sixième". L'heure est donc à la discussion, "pour savoir comment on s'organise pour conserver au mieux notre service public d'éducation, pour limiter la casse et ce n'est pas qu'à Bégard ! Maintenant, la priorité est donnée à une gestion financière du poste et on ne s'occupe plus de l'élève… Ça ne fait pas partie des priorités de Éducation Nationale, pourtant dans Éducation Nationale il y a éducation !?". Pour Gérard Le Caër, le service public d'éducation est en train de se dégrader, notamment dans les zones rurales. "On nous rétorque maintenant que nous ne sommes pas dans une zone rurale (NDLR : Comme rappelé plus tard dans la réunion, lors de la précédente menace de fermeture d'une classe sur Trézélan, c'était à la rentrée 2014, le caractère rural de la commune avait été reconnu par l'Inspection Académique), mais on n'est pas non plus en Seine Saint-Denis" poursuit le maire qui livre alors un message plus politique : "Il n'y a pas que l'école qui est en jeu. Manifestement, on est actuellement en train de faire en sorte que tout se mégapolise, que tout se renforce, que tout se concentre et les zones rurales là-dedans sont complètement minorées, ignorées; Cela va créer des soucis, voire amener des gens qui se plaisaient bien dans des bleds comme le nôtre à migrer, dès lors que l'on a plus de services publics, ou de mauvais services, qu'il s'agisse d'éducation ou d'autres services publics. Apparemment c'est mieux dans les grandes tours ! C'est mieux d'être rassemblés ! Il paraitrait même que c'est moins cher ! Pour information, j'ai demandé un audit au premier ministre Vals car je milite pour la défense d'un service rural, pour que l'on retrouve les valeurs auxquelles nous sommes attachés et l'école en fait partie".

"Jusque-là, nous défendions une école, enchaine l'adjointe à l'éducation en préambule du bilan qui va être présenté par la directrice des services, Héléna Denis-Pesrotel, mais la Directrice d'Académie nous a clairement expliqué qu'elle n'avait plus cette vision d'école, avec son directeur d'école, mais une vision globale. Elle renvoie donc au Maire la responsabilité d'organiser les écoles sur le territoire communal; Elle estime qu'il y a tant d'élèves inscrits dans les écoles publiques et que cela fait tant de postes".

État des lieux

Pour ce qui est des infrastructures scolaires en place, la directrice des services rappelle que la commune dispose de trois écoles : l'école élémentaire de Baloré, l'école maternelle de Baloré et l'école primaire de Trézélan. Sur Baloré, il y a une garderie et le restaurant scolaire (355 repas servis par jour) et sur Trézélan, une garderie et une salle de restauration scolaire alimentée par les cuisines de Baloré (65 repas/jour).

Pour ce qui est des effectifs, ce qui ressort pour l'essentiel de l'état des lieux (NDLR : tel que connu lors de cette réunion) c'est qu'à la prochaine rentrée, l'école maternelle de Baloré va perdre quatre élèves en filière monolingue et en gagner un en filière bilingue. L'effectif sera donc de 150 élèves (101 en monolingue - dont 10 TPS – et 49 en bilingue, dont 7 TPS) pour 5 classes ce qui portera la moyenne par classe à plus de 33 élèves avec les TPS et à plus de 30 sans les TPS. Avec les TPS, elle était de 26,25 en 2014. En 2015, il n'y aura pas de changement notable pour les dix classes de l'école élémentaire de Baloré : l'effectif de rentrée 2015 est aujourd'hui connu à 255 élèves (pour 230 en 2014) répartis entre 188 élèves en monolingue (pour 163 en 2014), 12 élèves en CLIS et 55 élèves en bilingue. Pour l'école de Trézélan, les prévisions de rentrée 2015 sont de 83 élèves (dont 0 TPS) pour 93 en 2014 avec 12 TPS. En revanche, pour cette école, la rentrée 2016 devrait voir les effectifs passer à 66 élèves avec le départ de 17 CM2. "C'est à l'instant T, rappelle le maire, et j'espère que la situation va changer. Sur Trézélan, on met un lotissement en place et je ne sais pas qu'elle est la donne en terme de naissance sur les communes avoisinantes qui s'appuient sur cette école, mais une chose est certaine, c'est qu'a 66-70 élèves, il ne sera même pas possible de discuter une fermeture. Il faut toujours avoir une prévision à 80… en dessous, c'est difficile !".

Un appel à la solidarité inter-écoles publiques

Le maire pose la situation comme suit : "des classes surchargées en centre-ville, avec des classes à 34-35 et on peut monter encore à 38-40 – on ne sait pas qui va arriver en cours d'année – et à côté de cela, on va se retrouver avec des sous-effectifs dans une école située à 4 km, ce qui va, de fait, conduire à risquer une suppression… et ce sera alors la double peine".

"Si j'ai bien compris, résume l'un des parents d'élèves présent, le message de la Directrice d'Académie, c'est : réorganisez-vous, mettez les effectifs professoraux comme vous voulez, mettez les classes au niveau que vous voulez… Faites votre soupe avec la mairie !?".

Ce qui est clair pour le maire, c'est qu'il se refuse à organiser une carte scolaire sur la commune : "Je préfère que les parents choisissent. On a la chance d'avoir une école de ville, une école de campagne, une école privée… après, chacun fait son choix". Pour Cinderella Bernard, "l'idée serait donc de faire appel au volontariat pour équilibrer les effectifs entre Baloré et Trézélan". Elle rappelle que l'an passé, lors du problème de fermeture d'une classe sur Trézélan, il avait été prévu d'organiser transport entre Bégard centre et Trézélan pour faire venir des effectifs de Baloré. "On a fait l'information sur le bulletin municipal et lorsque nous recevions les familles pour l'inscription, nous proposions cette démarche d'inscription à Trézélan avec possibilité de transport. On n'a eu aucune demande en ce sens….". Pour autant, selon l'élue municipale, "ce n'est pas une position à laisser tomber…", "d'autant qu'il n'était pas question de fermeture de classe sur Baloré l'un passé…" précise un parent.

Gérard Le Caër poursuit : "On pourrait imaginer une solidarité inter-écoles et parler d'une école publique sur la commune qui intégrerait les trois sites et on est en mesure de mettre en œuvre une navette pour rendre transparents les 4 kilomètres qui séparent Trézélan de Baloré. L'important est de mettre l'enfant au cœur du débat… d'éviter des effectifs pléthoriques dans des classes où l'on ne peut plus vraiment travailler… sans parler des TAPs dont il faudra bien un jour faire un bilan pour savoir ce qu'en pensent les parents…". "C'est catastrophique !" entend-t-on dans l'assistance…

Mais pour l'heure, selon le maire, "il y a des choses à dire, des choses à faire, des mouvements à mener avec les limites qui seront les nôtres… On verra comment va réagir la Directrice d'Académique mais c'est actuellement le bras de fer. Une classe perdue à la maternelle va créer des conditions d'enseignement exécrables, donc difficilement acceptables et dans cette affaire, je trouve que l'on oublie l'essentiel : l'élève".

Face aux promesses de vérifications faites par la Directrice d'Académie – venir deux semaines après la rentrée, vérifier les adresses pour s'assurer que les parents habitent bien là - le maire s'insurge : "Ce sont des méthodes lamentables ! Leur boulot, ce n'est plus l'enseignement ! C'est le flicage ! Ce qui est certain, c'est qu'elle obéit à des consignes de gestion de moyens de plus en plus étriqués".

On résiste !

On résiste ! Tel est donc le crédo du maire. "C'est clair et je pense qu'il y a deux temps : résister tout d'abord, ne pas baisser les bras et faire preuve d'anticipation à un an et demi. Pour l'heure, je veux le maintien de la classe de maternelle. À un moment, il va falloir sensibiliser les parents sur la gravité du problème, leur expliquer combien les conditions vont être difficiles pour les élèves. Vous êtes là un groupe, mais il va falloir le multiplier par 10 !" expose le maire qui conclut : "C'est l'école, c'est l'hôpital… Que l'on veuille faire des économies, d'accord mais il y a un moment où il faut dire stop ! Tout est convergent en ce domaine… tout est dans l'entonnoir pour nous vider de notre substantifique moelle. On ne règlera pas tout avec Internet; Nous avons une qualité de vie à défendre. Nous avons droit à nos services publics et qu'on arrête de nous dire que cela coûte trop cher…. Sur les places boursières, les actionnaires, eux, ne sont pas gênés. Donc on défend notre école publique; Pour que cette sixième classe ne soit pas fermée !".

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RAPPEL : Le 30 mai, place du Champ de Mars à Saint-Brieuc, à 10h, un rassemblement est organisé pour la défense de l'école publique de proximité. Contacter le Collectif de Défense de l'Ecole Publique (CDEP22) en écrivant à cdep22@gmail.com.

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