"Murs-Murs" : Souhaitons que ce projet fasse du bruit

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Date de l'évènement: 
Mercredi, 10 Septembre, 2014

Le mercredi 10 septembre (2014), le Parlement a prononcé sa dissolution ! Il s'est autodétruit ! Baoum ! Et pourtant… aucun média national, ni même régional, ne s'en est fait l'écho ! … Alors… Fiction ? Réalité ?

 

Ni l'un, ni l'autre… Ce Parlement est en fait une "réalité imaginaire" et au combien concrète : c'est le Parlement Imaginaire Éphémère International qui s'est constitué le 6 septembre au cœur même de la M.J.C du Pays de Bégard. Les parlementaires sont jeunes; Ils ont une vingtaine d'années. Ils sont une quarantaine et ils viennent de Bosnie, d'Allemagne, de Tunisie, de Palestine et de France. Du 6 au 10 septembre, ils ont écrit à Bégard un nouvel opus du projet intitulé "Murs-murs", dont l'initiateur est la Fédération Départementale des M.J.C des Côtes d'Armor en partenariat avec un lieu de recherche, de création et de parole partagées nommé "Le vent se lève" (Paris 19e). "Le travail que l'on conduit avec ces jeunes est la suite d'un très long travail commencé en 2010, explique Corinne Le Fustec, la directrice de la Fédération. On a réfléchi sur la question des murs, on s'est interrogé sur comment vivent les jeunes dans des pays traversés par des murs, que ces derniers soient physiques ou dans les têtes". "Nous sommes tous organisation de jeunesse, poursuit-elle, les quatre groupes étrangers présents sont des émanations de structures équivalentes à nos MJC, ce sont des gens qui travaillent avec les jeunes à la formation du citoyen et à l'émancipation des personnes afin de permettre aux gens d'être plus conscients du monde qui les entoure pour mieux y agir et y prendre sa place".

En qualité de Directeur artistique du projet, Jean-Pierre Chrétien-Goni, maître de conférence au CNAM à Paris et dirigeant du lieu "Le vent se lève" - lieu d'expérimentation artistique, culturel et politique - explique : "Mon travail consiste à inventer des formes à mi-chemin entre l'expérience artistique et l'expérience politique. Cela donne naissance à des performances "poétiques et politiques". Replacé dans le contexte bégarrois, il poursuit : "On réunit des gens et on décide ensemble de faire parlement, c’est-à-dire, d'expérimenter, de débattre sur sa vision de la société, mais pas seulement de manière philosophique : on va fabriquer des propositions de lois visant le décloisonnement d'une société et on le fait avec tout le rituel : installation, discours, commissions, propositions de lois, votes, dissolution". Il précise toutefois une particularité : "l'unanimité est interdite. Il faut toujours qu'il y ait quelqu'un qui élève la voix, qui ait une réserve, et cette réserve est consignée dans le texte final que l'on va ensuite publier et partager dans l'espace public". Ce n'est donc pas qu'un jeu, d'autant que Jean-Pierre Chrétien précise : "de vrais députés vont être ensuite rencontrés pour leur faire part des conclusions auxquelles on est parvenu". Le fonctionnement de ce Parlement Imaginaire et Éphémère prévoit aussi une dimension plus poétique que politique et "chaque proposition de loi doit être assortie d'un évènement artistique ou culturel". "L'élaboration est donc toujours double : à la fois de l'intellectuel, de la pensée, de la politique et en même temps du sensible, de l'imaginaire" résume le directeur artistique du projet.

C'est sans aucun doute ce dernier point qui a donné tant de force à la présentation du travail réalisé durant ces quelques jours de résidence à Bégard. Mercredi soir (le 10 septembre), une dernière séance du Parlement s'est tenue en public, en présence du maire de Bégard, d'élus du Canton et de quelques citoyens, et comme à l'Assemblée, les présidents de commissions ont exposé les travaux réalisés en matière de Droits de l'Homme (au travail et au logis), d'Éducation et d'Environnement. Comme à l'Assemblée, chaque proposition de loi a été lue, ses modalités de mise en œuvre ont été exposées, le vote a été demandé et comme à l'Assemblée, il y eut des votes "contre", les opposants étant invités alors à exposer les raisons de leur rejet, quelles qu'elles soient, y compris celle-ci d'un "parlementaire" tunisien, tenant compte de la règle énoncé au départ (pas d'unanimité, sinon rejet de la loi) : "Je vote contre… pour que cette loi soit retenue".

Imaginaire, éphémère… mais un travail sérieux fait par des jeunes sérieux et attentifs… (NDLR : Pas toujours comme à l'Assemblée !), en français et en anglais, les traductions en français et en anglais étant assurées par les "Parlementaires" eux-mêmes. Entrecoupée d'instant mis en scène, en musique, en image, la séance "Parlementaire" a ensuite été clôturée et le Parlement Imaginaire Éphémère… dissout.

En conclusion, Gérard Le Caër, en qualité de maire et de vice-président du Conseil Général en charge de l'éducation et de la citoyenneté a remercié les jeunes pour le travail qui a été le leur durant ces 10 jours à Bégard et la qualité de leur "performance" poétique et politique. "Parmi les points évoqués ce soir, a-t-il déclaré, égalité au logement, égalité des chances dans l'éducation, le plus palpitant fût celui de l'environnement, de notre planète. Que sera le monde que nous réservons demain à nos enfants ?" puis de conclure : "votre Parlement n'est pas si imaginaire que cela et ce serait bien qu'il ne soit pas éphémère. Au travers des nations que vous représentez ici, vous êtes les représentants du monde de demain. Vous avez été très à la hauteur et merci aux personnes qui vous ont accompagnés et qui ont donné beaucoup de sens à cette superbe soirée".

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