Bégard – Départs à la retraite : Cinq d'un coup !

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Date de l'évènement: 
Vendredi, 23 Novembre, 2018

Vendredi 23 novembre (2018), dans la salle du temps libre, une centaine d'élus, d'employés communaux, d'amis et de membres de la famille de certains d'entre eux, avait été invitée par le maire, Vincent Clec'h pour honorer le départ à la retraite de cinq serviteurs des services communaux : Maryse Casanave, Françoise Pierrès, Monique Fraboulet, Jean-Claude Le Luyer et Jean-Claude Dauphin. "C'est une cérémonie particulière, introduit ...

... le maire, car ce n'est pas tous les jours qu'une collectivité fête le départ de 5 agents. Bégard et son CCAS, c'est plus de 120 agents, avec une formidable palette de métiers, et c'est là toute la richesse de la fonction publique territoriale qui a su évoluer et s'adapter pour répondre aux besoins de la population".

Maryse Casanave : Disponibilité, écoute et respect des personnes âgées.

C'est Marie-Louise Daniel, la présidente du CCAS, qui est chargée de retracer le parcours de la première néo-retraitée, le Docteur Maryse Casanave, médecin coordinateur au foyer Kreiz-Ker. Native de Paimpol, elle est bégarroise depuis 1969 ; Après des études de médecine à Brest, elle s'installe en 1981 en tant que médecin libéral en succédant à son père décédé brutalement à l'âge de 40 ans. Elle avait 27 ans. "En 2006, année de premier conventionnement, nous avions obligation de recruter un médecin coordinateur, expose Marie-Louise Daniel qui avoue que ce fut une mission bien délicate : "Déjà à l'époque, il n'y avait pas pléthore de médecins libéraux sur notre territoire". Ce ne sera donc qu'au 1er juillet 2008 que le Dr Casanave répondra favorablement à la demande du CCAS pour une durée de présence de 3h30 par semaine. "Bien au-delà de l'aspect réglementaire, nous allions pouvoir donner plus de sens au service des résidents tout en rassurant l'ensemble de professionnels" déclare la présidente du CCAS. Depuis 2013, le temps de travail du médecin coordinateur a été passé à 7h par semaine... "mais nous savons tous que vous n'avez pas compté tout votre temps de présence" dit l'adjointe aux affaires sociales à l'attention du Docteur Maryse Casanave, dont elle souligne la disponibilité, l'écoute, la qualité humaine et le respect des personnes âgées, ainsi que "sa participation active au travail collectif qui a permis de dégager des orientations cohérentes et des moyens financiers nouveaux pour les cinq prochaines années".

A son tour, Vincent Clec'h remercie la retraitée pour son engagement en qualité de médecin coordinateur : "la bienveillance et l'accompagnement de nos ailleuls, tout comme le « bien vieillir » au pays, sont des enjeux primordiaux pour notre territoire ; Votre compétence et vos services ont été très appréciés" et de conclure en souhaitant la bienvenue au docteur Emmanuelle Sadin qui va la remplacer.

Maryse Casanave, très sensible à l'honneur qui lui est fait en étant invitée à cette cérémonie, rend tout d'abord un hommage à Gérard Le Caër : "ce fut un choc douloureux, l'évènement noir de cette année 2018" avant de déclarer qu'après la solitude de l'exercice en libéral, elle a apprécié le travail en équipe : "il m'a apporté une richesse supplémentaire et un confort psychologique permettant de gérer en groupe des solutions difficiles". Elle souligne la solidarité remarquable au sein de tout le personnel et se réjouit que ce travail en EHPAD lui ait permis de pratiquer la gériatrie, "spécialité très riche et même d'avenir...", une spécialité où l'écoute est une composante essentielle selon elle : "J'ai continué à entendre toutes les histoires de mes anciens patients, des résidents, car être médecin généraliste de campagne, c'est aussi découvrir le labyrinthe des relations familiales, les liens secrets, les coexistences difficiles, les fiertés et les regrets de chacun". D'un point de vue plus philosophique, elle dit avoir apprécié "l'humanisme qui pourrait être la devise de l'EHPAD de Bégard et qui imprègne la façon de travailler de tout le personnel". Pour elle, contrairement aux images négatives parfois véhiculées par les médias, l'image de l'EHPAD de Bégard est diamétralement opposée : "on y cultive et on y applique la bienveillance, avec attention, patience, générosité, respect, gratitude, serviabilité". Elle rend enfin hommage particulier à Marie-Louise Daniel, "qui, avec une grande discrétion, agit dans l'ombre avec beaucoup d'efficacité et donne beaucoup de son temps pour dénouer des situations sociales souvent inextricables". Elle rend aussi hommage à Jean-Claude Dauphin, "qui, en plus de ses qualités humaines, est un manager hors-pair, gérant son équipe de 55 personnes avec rigueur et bienveillance ; C'est un maître dans l'art de la communication, un homme-orchestre passant d'un domaine à un autre avec agilité et souplesse".

Françoise Pierrès : "Elle a adoré le contact avec les gens"

Avec Françoise Pierrès, on reste à l'EHPAD. Après sa 3ème au collège de Bégard, elle avait pour ambition de poursuivre des études dans le secteur médico-social. "Mais des contretemps administratifs l'on fait rebondir dans le conditionnement des œufs. Elle avait à peine 16 ans" présente Marie-Louise Daniel qui retrace un parcours professionnel dans le commerce – chez Butun puis Cannelle Fleurs, l'Espace Floral – mais aussi la boulangerie Dupras, "avec quelques cours de breton entre la vente de deux baguettes". "Elle a adoré le contact avec les gens" déclare la présidente du CCAS, mais pour Françoise Pierrès, si le commerce, c'est bien, c'est vers le médico-social qu'elle veut aller. "Elle intègre l'EHPAD en janvier 2013 pour un remplacement de 10 jours, puis l'établissement sollicitera ensuite régulièrement ses compétences pour le service hébergement" dit en conclusion Marie-Louise Daniel.

Pour Vincent Clec'h, "c'est un parcours professionnel bien rempli qui se termine au service hébergement de la Résidence Kreiz-Ker ; Ce sont des services pas faciles, qui demandent de l'investissement et de la compétence".

Jean-Claude Le Luyer : Mécanicien, serrurier et pompier...

Pour retracer la carrière de Jean-Claude Le Luyer, agent de maîtrise aux services techniques de la commune, ils se sont mis à deux : Hervé Le Gall et Alain Samson.

Le premier – Hervé Le Gall, adjoint aux travaux – dit tout d'abord, avoir un "petit pincement au cœur et des regrets de voir partir un agent très impliqué dans son travail et apprécié de ses collègues et des élus". Il retrace la carrière du jeune retraité – il est né le 7 juin 1958 à Tonquedec – qui avec un CAP de mécanicien, va tout d'abord travailler au garage Bodiou jusqu'à la fermeture de l'entreprise, le patron ayant pris sa retraite. "C'est en 1986 que Noël Bernard va l'embaucher à la commune" poursuit Hervé Le Gall ; Il va y exercer le métier de mécanicien, jusqu'à tout récemment – trois ans en arrière plus exactement – où, désireux de changer de domaine, il va postuler au poste de serrurier devenu vacant". L'adjoint aux travaux précise par ailleurs que Jean-Claude Le Luyer, est un cycliste – il l'invite d'ailleurs à le rejoindre à la Roue d'Or – et surtout un pompier volontaire. "Il a souhaité rester pompier encore quelques années... Ce qui montre que le dévouement fait partie de son ADN" conclut Hervé Le Gall.

Le second – Alain Samson, directeur des services techniques – annonce ensuite la couleur : "Je vais redire ce qu'à dit Hervé... Mais en rimes !" et de déclamer : "Il en rêvait depuis tout petit / Plus que tout, il voulait être mécanicien / Il prépara sérieusement son examen / Et obtint, logiquement le diplôme chéri / Sa carrière débuta au garage Bodiou / Ce premier emploi était un bonheur / Il en démonta et en remonta des tracteurs / Et bientôt, petit à petit, il fit son trou [...] Quel que soit le matériel en souffrance / Absolument, rien n'échappait à sa vigilance / Il montra beaucoup de persévérance / Et fit du parc automobile, une référence...

"Il y a de la poésie aux services techniques" intervient Vincent Clec'h à la fin de ce morceau de bravoure de l'Ingénieur Principal avant de rendre hommage à Jean-Claude Le Luyer : "Toujours très apprécié de ses collègues et des élus, pour son enthousiasme à assurer ses missions, il a toujours voulu évoluer dans ses missions de mécanicien ou de serrurier ; Il a été une force de proposition et il avait toujours de bonnes idées qu'il mettait au service de la collectivité"... Il avait toujours de bonnes idées / Qu'il mettait au service de la collectivité... Encore des rimes...

Jean-Claude Le Luyer sera plus bref ; Il remercie Noël Bernard qui l'a recruté – "c'était incertain au départ... Mais ça s'est fait quand même" – et déclare "avoir été content de travailler au sein de cette équipe".

Monique Fraboulet : la mémoire de la ville

Vint ensuite le tour de Monique Fraboulet et c'est Hélèna Denis-Pesrotel, la Directrice Générale des Services qui intervient pour rappeler la carrière de celle qui, native de Saint-Thélo dans le canton d'Uzel, BEP de comptabilité en poche, intègrera à tout juste 20 ans, le syndicat des communes – le Centre de Gestion maintenant - pour la gestion du personnel. De remplacement en remplacement, elle posera ses valises à Bégard en janvier 1982 : "Elle est embauchée comme agent dactylographe à temps complet le 1er janvier 1982" explique Hélèna Denis-Pesrotel qui poursuit : "de réforme en réforme, de progrès technologique en progrès technologique – de la machine à écrire à la machine à boule, du minitel à Internet, de l'ordinateur à la tablette, des portes mécaniques aux portes automatiques, des empreintes digitales à l'encre noire aux empreintes biométriques – les grades se succèdent et elle termine sa carrière en qualité de rédacteur principal de 1ère classe". Depuis 37 ans, Monique Fraboulet est en charge de l'Etat civil, elle a accompagné les familles Bégarroises et ce sont 1.612 actes de naissance et 567 actes de mariage qui ont été enregistrés par ses soins "dans le respect du service public et du travail en équipe". "Ses collègues ne tarissent pas d'éloges, conclut la DGS ; Attentionnée, sympathique et blagueuse - moyennant une petite viennoiserie à la pause de 10h – mais toujours dans la mesure et toujours avec gentillesse".

"C'est la mémoire de la ville, intervient le maire ; Elle a mis au centre de sa vie professionnelle, l'intérêt public de l'action municipale et c'est ce qui la caractérise : discrète, rigoureuse, consciencieuse et à l'écoute des autres".

La conclusion revient à la retraitée. Elle soupire : "41 années de service dans la fonction publique territoriale..." et fidèle à sa réputation de blagueuse, elle déclare : "J'ai connu 4 maires de Bégard et quand, dernièrement, quelqu'un qui n'était pas venu depuis longtemps à la mairie, m'a dit avec étonnement : vous êtes toujours là ! Je me suis dit : Monique... il est temps que la retraite arrive sinon tu vas faire partie des meubles".

Jean-Claude Dauphin – Un directeur ouvert, diplomate, disponible...

Nous avions déjà évoqué le parcours du directeur de l'EHPAD [NDLR : Voir Valérie Le Roux dans le sillage de Jean-Claude Dauphin]... Marie-Louise Daniel brossera en quelques coups de pinceaux la carrière de ce natif de Paimpol né le 30 octobre 1956. BTS en bureau d'études, il intègre en 1976 la fonction publique en tant qu'assistant d'un chef de travaux d'un lycée Morlaisien. BAFA, service national... Il passe le concours de dessinateur-projeteur de France-Télécom qu'il intègre à la mi-décembre 1979. A Paris. Noël Bernard le recrute le 1er mars 1984 en qualité de Gestionnaire du Foyer de Personnes âgées puis comme secrétaire de mairie de moins de 2.000 habitants. Le 1er avril 2007, il prend le grade d'Attaché Principal, qui est son garde, au 9éme échelon, à sa fin de carrière. "Il a été un directeur ouvert, diplomate, disponible, à l'écoute de tous – résidents, familles et personnels – et il a œuvré pour que la Résidence soit conviviale, familiale, humaine et communale" conclut la présidente du CCAS.

"Nous avons eu la chance d'avoir des hommes et des femmes à des postes clés de notre commune, animés par cette passion du bien public et cette volonté de toujours faire mieux et toujours dans la concertation et le dialogue, déclare Noël Bernard ; Nous avons eu la chance d'avoir Jean-Claude comme directeur du foyer logements", puis de se souvenir : "Nous nous sommes rencontrés dans ma voiture ; Je ne sais plus trop où exactement, mais en tout cas, c'était à Gwénézhan...". Pour l'ancien maire recruteur, Jean-Claude Dauphin a été un excellent gestionnaire – "et ce ne fut pas toujours facile" - s'adaptant à l'évolution de la structure, à son agrandissement, à sa mise aux normes, à l'augmentation du nombre de résidents et de personnels, "tandis que dans le même temps fluctuaient les politiques de casse et que dans la dernière période, le désengagement financier de l'Etat répercuté par le Département, créait les conditions d'une gestion et d'un fonctionnement tendu, alors que la volonté de tous, localement, était de maintenir les coûts pour les résidents à un niveau compatible avec les retraites faibles de notre secteur et notamment de notre milieu agricole". Pour Noël Bernard qui conclut, ce qui caractérise l'ex-directeur du Foyer Logements Kreiz Ker, c'est "sa haute dignité du service public, son humanité, mais aussi sa rigueur, son sens moral, sa lucidité, sa solidité et ses convictions. D'une petite discussion dans une voiture à Gwénézhan est née une grande et belle carrière au service de nos anciens".

Vincent Clec'h est sur la même ligne. Il voue ses qualités humaines et avant de lui passer la parole, déclare : "Bégard est fier de t'avoir eu comme Directeur".

Comme il en est coutumier, c'est en usant d'une métaphore que l'ancien directeur-nouveau-retraité parle ensuite de son parcours.  Cette fois-ci, c'est une métaphore sportive - le 3.000 m haies – " cette course faite de lignes droites, de nombreux virages qu'il faut bien négocier et de haies souvent très techniques ; Il n'est pas rare de trébucher, mais rien ne vous empêche de poursuivre... Vous avez juste perdu un peu de temps". Bien sûr, derrières certaines haies, il y a une fosse avec de l'eau, "et inévitablement, vous serez à un moment donné obligé de vous mouiller". Pour ce qui est de l'épreuve de qualification, ce fut, dit-il, assez particulier : "Nous avions quitté la région parisienne pour quelques jours de vacances à Bégard... Dans le petit pigeonnier, chez mes parents, Noël Bernard me demande ce que j'ai comme diplômes..." ; Il lui annonce qu'il aurait peut-être un travail à lui proposer : Gestionnaire du foyer de personnes âgées ; "C'est deux à trois heures de boulot par jour et le reste du temps, dominos, cartes et boules avec les pépé et mémés... Je te laisse le temps de réfléchir..." ; Il repasse le lendemain matin. "Je ne me suis jamais dit s'il m'avait pris pour un pigeon, s'amuse Jean-Claude Dauphin, et le lendemain, je suis monté dans la voiture...". Il se rappelle sa première visite : "La première image que je garde de ma visite, c'est celle du panneau routier à l'entrée de l'établissement : Voie sans issue !". Il prend toutefois la fonction le 1er mars 1984 et pour sa première journée de travail, il doit gérer une fracture du col du fémur. "Ca a vite chauffé pour mon matricule : courrier du Préfet, requête au Tribunal Administratif, article de presse pas sympa dans un hebdomadaire local, au motif de défaut de recrutement, vice de procédure, annulation de ma nomination...". Les esprits se calmèrent néanmoins dit-il, malgré quelques tentatives résiduelles d'opposants locaux : "Scandaleux ! Le CCAS de Bégard recrute un parisien alors que tant de Bretons sont sans travail... Mais ce n'est pas un Parisien... c'est un Paimpolais ! Un Paimpolais ? Eh bien voilà, encore un coco !" ... et de poursuivre sur le même ton de l'humour, haie après haie – la haie service public dans un secteur social, celle du service public de proximité, puis le management, le budget, la réglementation, le subventionnement – "tour après tour, mais de moins en moins frais". Les résidents, c'est le public ; "Il juge votre parcours, il peut vous soutenir, vous encourager ou vous trouver trop lent ou trop rapide, imprécis sur l'obstacle.... Mais comme vous n'êtes pas là pour faire une perf - même si l'établissement s'est médicalisé (!) - vous prendrez le temps de les saluer, avec respect en confirmant ainsi votre attachement à un public, certes âgé, mais tellement formateur !". Pour conclure, Jean-Claude Dauphin s'adresse à Valérie Le Roux, sa remplaçante, et lui fait remarquer que le panneau « voie sans issue » a été remplacé par « voie privée », "ce qui présage, pour un établissement qui prône le  service public, encore beaucoup de boulot à faire". Cela dit, pour l'ex-directeur, ce ne fut pas une voie sans issue... Alors, tous les espoirs sont permis...

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