Bégard – EHPAD – Valérie Le Roux dans le sillage de Jean-Claude Dauphin

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Date de l'évènement: 
Lundi, 1 Octobre, 2018

Lundi 1er octobre (2018), pour Jean-Claude Dauphin, le directeur du foyer logements Kreiz Ker, c'était le jour "J-30" ! En effet, le 31 octobre prochain, après 418 mois d'exercice en qualité de directeur de l'établissement – soit presque 35 années - Jean-Claude Dauphin, après avoir, la veille, éteint celles de son 62ème anniversaire, va éteindre ...

... les bougies de sa vie professionnelle pour profiter d'une retraite bien méritée. Il passe le flambeau à Valérie Le Roux, Paimpolaise, comme lui l'est de naissance. Ces deux derniers mois, ils auront cohabité, "ce qui est très rare et c'est une chance pour moi" déclare la nouvelle Directrice. Pour le futur ex-directeur, "c'est le bon moment ; On est à la fin des travaux ; Il y aura une nouvelle convention qui va induire une nouvelle organisation et par suite des départs à la retraite, il va y avoir des recrutements à faire". En tout cas, pour le Directeur, ça, c'est fait !

Retour sur le passé de Kreiz Ker...

En 1977, lorsque le foyer a ouvert, il y avait moins de 40 résidents et 5 professionnels. La moyenne d'âge des résidents était de 67 ans. Quarante ans après, elle est de 87 ans et 55 professionnels travaillent dans l'établissement. "J'ai démarré le lundi 1er mars 1984, se souvient Jean-Claude Dauphin, à moins que ce soit un jeudi ou le 5 mars, car le 1er mars 1984 était un jeudi ; Bref, ce qui est certain, c'est qu'il avait alors un peu moins de 28 ans. "J'ai été recruté par Noël Bernard, qui était le maire et le président du CCAS(1) à cette époque". Il a été recruté en qualité de gestionnaire du foyer des personnes âgées. "Ça me fait un peu sourire, parce que la moyenne d'âge des résidents à l'époque était de 72 ans et on parlait malgré cela de foyer de personnes âgées". A cette époque, il y avait 7 salariés dans l'établissement, "avec un appui très fort des services extérieurs tels que le CCE(2) et les infirmiers libéraux".

Des presque 35 années qu'il aura passées à la tête de la Résidence, ce qui l'aura le plus agréablement surpris – "ou du moins le plus rassuré" - c'est la "formidable" capacité des établissements – "et pas que celui de Bégard" - à s'adapter, sur une période relativement courte, à l'évolution de la dépendance et de la maladie et aux troubles du comportement. "En 1986, raconte-t-il, première étape importante : le CCAS me demande d'aller solliciter le forfait de soin courant pour pouvoir recruter deux aides-soignants et leur arrivée, au 1er juillet 1986, c'était ouah ! Les gens s'interrogeaient : Mais que venaient faire ces gens dans un établissement où pratiquement toutes les personnes étaient valides ?". Il se souvient de sa réponse à cette dame qui l'interpelle dans son bureau en lui déclarant que depuis qu'il est là, il y a des personnes en fauteuil roulant : "Cette nuit, vous avez un AVC(3) ; Quel est alors votre choix ? Rester sur l'établissement ou partir sur Tréguier – Tréguier faisait peur à l'époque - Rester ? C'est le choix qu'on fait les personnes que vous voyez en fauteuil". Il comprend alors qu'il faut prendre les devants, communiquer, expliquer que le besoin d'accompagnement médical de la dépendance allait croitre.

Après une première extension en 1983 de 18 logements dans le bâtiment B, les années 89-90 voient une deuxième extension de l'établissement, avec 14 logements supplémentaires dans le Bâtiment C. "C'était une superbe opportunité d'ouverture de l'établissement vers le centre-ville" se souvient Jean-Claude Dauphin ; La capacité était portée à 70 places ; Nous avons une autorisation pour 72 places aujourd'hui". Puis il y eut des travaux de sécurité en 2000, la mise en place entre temps du service de portage de repas à domicile en liaison chaude, "après une bonne bagarre de Noël Bernard avec les services vétérinaires qui ne voulaient pas de liaison chaude, qui ne voyaient que la sécurité via la liaison froide, alors que nous étions persuadés que pour être servi les jours, il fallait la liaison chaude et on a eu raison ; Aujourd'hui, 61 repas sont servis à domicile chaque jour". Puis en 2000, la loi amène à faire un choix : maintien dans l'établissement des personnes dépendantes ou pas ? C'est le conventionnement EHPAD(4) "C'était évident que la convention EHPAD devenait une nécessité pour nous, explique le directeur, et la convention est signée en 2006. Ce sera sa troisième version en 2019 sous le vocable de CPOM(5)".

Il évoque alors les évolutions auxquelles la nouvelle directrice devra adapter l'établissement : de plus en plus de professionnels formés pour répondre à une population de plus en plus dépendante, "voire de plus en plus désorientée", la fin - en fin d'année / début d'année prochaine - des travaux entamés en février 2016, la nouvelle convention, l'habilitation à l'aide sociale qui permet aux résidents à faibles revenus de bénéficier d'une aide du Département, la sécurisation de l'établissement,... et pour tout cela, Jean-Claude Dauphin se dit "très content de passer le relai" pour se consacrer à ses enfants, petits-enfants, à la danse de société 3 fois par semaine – son épouse et lui sont respectivement vice-présidente et trésorier de l'association KDanse de Ploumagoar - pour apprendre les champignons "avec quelqu'un qui les connait bien", aller à la marée, "voir si le golf est dans mes cordes et passer du temps avec mon épouse, Catherine...". Seul regret, du moins le seul avoué : "celui de ne plus avoir le plaisir de saluer les résidents, le midi ; Ça va me manquer !".

Valérie Le Roux, dans le sillage de Jean-Claude Dauphin

Nul doute que Valérie Le Roux, la nouvelle directrice y pourvoira. Elle est du métier et incontestablement, elle est dans son cœur de métier et dans son métier de cœur. Infirmière de formation, elle a exercé, de 1992 à 2004, ce métier en gériatrie et en pédiatrie à l'hôpital de Paimpol. Elle passe par l'école des cadres de 2004 à 2005 et obtient une licence de sciences sanitaires et sociales. Elle prend alors un poste de cadre de santé à l'EHPAD de l'hôpital de Guingamp (de 2005 à 2008) puis au centre de gériatrie Les Capucins à l'hôpital de Saint-Brieuc (de 2008 à 2013). "Les Capucins, c'est 472 résidents répartis sur 5 résidences avec des résidences dédiées aux profils... J'ai fait toutes les résidences" explique-t-elle. En 2011, elle décroche un Diplôme Universitaire en Ethique et subjectivité. Elle fait un petit tour à la direction des soins de l'hôpital pour monter une conférence sur la dignité des soins, revient en gériatrie puis passe en cardiologie en qualité de cadre coordinateur. "C'est là que j'ai construit mon projet de CAFDES(6), explique Valérie Le Roux ; C'est là que j'ai compris que j'étais plus une femme de projet attachée à la personne âgée qu'une gestionnaire de lits...". Elle obtient son diplôme en 2017 et revient au centre des Capucins en qualité de cadre de sante et d'élève Directeur. Et c'est de là qu'elle prend le départ pour le foyer Kreiz Ker de Bégard.

Elle a pour projet de reprendre l'animation dans la Résidence, interrompue par les travaux. Elle veut aussi réussir la prise en charge des troubles cognitifs, "dans des structures qui n'ont pas l'habitude de cet accompagnement-là, ce qui devra sans doute conduire à la mise en place d'une certaine sécurisation de la résidence". Elle se dit ravie d'avoir pu cohabiter avec Jean-Claude Dauphin : "c'est une chance pour moi d'avoir été doublée deux mois, car je change de culture ; Je passe de la culture hospitalière à la culture de territoire, avec une commune. C'est à mettre le cerveau à l'envers car d'une fonction publique à une autre, c'est complètement différent dans la gestion des statuts, dans la gestion des ressources humaines". S'il y aura des axes d'amélioration dans lesquels l'établissement devra s'inscrire - sécurisation des médicaments, accompagnement des troubles cognitifs, accompagnement jusqu'à la fin de la vie, les résidents devenant de plus en âgés, de plus en plus dépendants, pour l'heure, elle déclare vouloir poursuivre le travail effectué : "je m'inscris plus dans la continuité de la vision de Jean-Claude ; Je ne suis pas là pour tout révolutionner, au contraire ; Il y a plein de choses qui sont très bien faites ici et qu'il faut poursuivre...".

En dehors de l'EHPAD, Valérie Le Roux réside à Paimpol. "Je ne suis jamais loin de l'eau" dit-elle et elle pratique d'ailleurs les sports nautiques tels que nage avec palmes – elle a été sacrée championne de France en 2012 - apnée, pêche sous-marine... Ce qui nous fait dire, en conclusion, qu'il y a une continuité maritime sur le foyer Kreiz Ker, avec une nageuse qui prend le sillon d'un Dauphin ! [NDLR : Mille excuses pour ce qui précède !]

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Notes : (1) CCAS :  Centre Communal d'Action Social - (2) CCE : Comité Cantonal d'Entraide – (3) AVC ; Accident Vasculaire Cérébral – (4) EHPAD : Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes – (5) CPOM : Contrat Pluriannuels d'Objectifs et des Moyens – (6) CAFDES : Certificat d'Aptitude aux Fonctions de Directeur d'Etablissement sociaux et médico-sociaux

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