Médaille de la ville remise à Marthe Le Pennec et Paul André

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Date de l'évènement: 
Vendredi, 5 Juin, 2015

Vendredi 5 juin (2015), parmi les nombreuses manifestations qui ont ponctué la vie de la commune en cette première semaine de Juin, celle de vendredi était la plus émouvante. Le Maire et ...

... le Conseil Municipal ont remis deux médailles de la Ville, l'une à Marthe Le Pennec et l'autre à Paul André. "Depuis le début de ce nouveau mandat, nous n'avons pas encore eu l'occasion d'honorer les personnes qui le méritent, déclare Gérard Le Caër. Ce soir, c'est une femme et un homme, dans des engagements, des combats complètement différents. C'est important d'avoir ce respect, cette envie d'honorer, de remercier, de distinguer". Quelques pleurs ont perlé; Un peu de nostalgie, des souvenirs rappelés qui reprennent de la force, la vision d'un temps passé, malheureux ou heureux, et une émotion qui s'étend à l'assistance de parents, d'amis, de voisins.

Pour Marthe Le Pennec, c'est Arlette Offret, l'adjointe à la citoyenneté, qui brosse le tableau d'une vie marquée par l'époque sombre que fut celle de la deuxième guerre mondiale. Née en Lorraine en janvier 1926, Marthe Gerne avait 13 ans en 1939. C'était le début de la guerre et la France décida d'évacuer la Lorraine; "Ce fut une épreuve terrible, difficile pour 300.000 lorrains, raconte l'élue; La famille de Marthe ira alors dans le Pas de Calais puis en Charente, mais en 1940, les mosellans sont encouragés par les autorités allemandes, à rentrer chez eux". Hélas, au mépris de la convention d'armistice de Rethondes, l'Allemagne annexe à nouveau la Lorraine devenue Française depuis 1919. "Les expulsions des indésirables – ceux qui voulaient rester français et les juifs – vont commencer, poursuit l'adjointe. Les résistants s'exposent alors aux pires représailles : les camps, le froid, la misère, la faim, la mort pour certains. Les hommes sont incorporés de force dans l'armée nazie et la plupart se retrouvent sur le front Russe". La famille de Marthe Gerne qui refuse la carte de Bienvenue dans le grand Reich et la soumission aux nazis est envoyée en Silésie, sur les rives de l'Oder, au sud-ouest de la Pologne. "Elle est internée dans des monastères aux murs froids, humides, lugubres et dans ces camps dirigés par des officiers SS, la vie était difficile". Déplacés ensuite dans une usine de faïencerie, hommes, femmes et enfants côtoient alors la rude vie des STO et d'autres prisonniers de diverses nationalités. "Marthe avait alors 16 ans… et l'amour, plus fort que la guerre, allait lui redonner espoir. Elle rencontre un prisonnier Bégarrois nommé Yves Le Pennec qui livrait l'usine de faïencerie située à 20 km du camp dans lequel il était prisonnier depuis 1940". Bravant les interdits, ils se rencontrent souvent, très souvent… et cet amour est concrétisé par la naissance de Jean-Yves en 1944. "Le bébé fût sauvé grâce à l'aide de tous les prisonniers et des déportés lorrains qui voyaient en cette naissance, un pied de nez aux nazis et l'espoir d'une nouvelle vie…" Libérée en février 1945 par les Russes aux comportements odieux, qui ne faisaient pas de différence entre Allemands et Français, après une marche de 100 km dans la neige, sans nourriture, la famille rejoint la Moselle au printemps 1945. La maison avait été totalement dévastée. De son côté, Yves Le Pennec revient en France en juin 1945. "Il n'avait plus de nouvelles de Marthe et de Jean-Yves, Il la rejoint en Moselle en novembre 1945 et il l'épouse. Ils viendront alors s'installer à Bégard où Yves Le Pennec fût gendarme auxiliaire avant d'être affecté en Meurthe-et-Moselle en qualité de gendarme puis de passer huit années en Algérie". A la retraite, le couple revient à Bégard, route de Lannion tout d'abord, puis à la cité Kreiz Ker ensuite, pour se rapprocher du centre-ville, "Elle est ma voisine depuis plusieurs années, conclut Arlette Offret.  Elle nous a gentiment reçus pour une interview; Elle a fouillé sa mémoire et j'espère que nous ne l'avons pas trop troublée. Merci à vous Marthe et merci à tous ceux qui ont résisté, souvent au péril de leur vie, pour que nous puissions vivre libres". (NDLR – Dans le livre de Pierre Martin que citera l'élue municipale, 1939-1945, l'occupation à Bégard, deux pages sont consacrées à Marthe Le Pennec).

C'est au tour de Gérard Le Caër d'intervenir pour parler de Paul André : "Installés à Bégard depuis 1962, Paul et Jeanine sont bien connus de la population; Paul a travaillé 36 ans à la société Collectorgane avant de prendre sa retraite en 1988 et Jeanine a travaillé 12 ans dans cette même entreprise avant d'être employée à l'hôpital du Bon Sauveur en qualité d'aide-soignante jusqu'en 1996". L'engagement de Paul André a commencé en 1965 en s'investissant au sein du Club Sportif Bégarrois (CSB). "De cette période, Paul André a de bons souvenirs, raconte le maire; A l'époque, tout le monde n'avait pas de voiture. Le club avait alors acheté un petit car au Bon Sauveur et Paul allait chercher les joueurs. Il fallait parfois en réveiller certains; Il y avait des matchs minimes et juniors le dimanche matin et la nuit avait parfois été longue… Pour les élèves internes au collège qui étaient licenciés au club, cela faisait une sortie. Il y avait beaucoup d'ambiance… Les équipes fanion et réserve se suivaient…". Homme de l'ombre mais complètement indispensable pour la vie d'un club, Paul André a effectué de nombreuses et soi-disant petites tâches : "Seul, il a commencé à tracer le terrain dans les années 70. Il l'a fait pendant 20 ans avant qu'André Le Brun ne vienne le rejoindre et qu'ils fassent construire un deuxième charriot traceur… bien qu'il faille souvent faire le traçage à la main car à l'époque le traçage se faisait avec du plâtre… et il était souvent humide !". Sa disponibilité totale pour le club fera de lui le vice-président du club. "Il a usé trois présidents : Christian Gouzanet, Jean Coc'q et Yves Allain et depuis 1972, il peut tout raconter sur le club : sur un cahier – j'ai vu ce cahier chez lui, lors d'un apéro -  il a noté le jour des matchs, les dirigeants qui l'accompagnaient, les joueurs, les résultats et le nom des butteurs". "De mauvais souvenirs, il n'en a pas beaucoup, poursuit Gérard Le Caër; En revanche, que de bons souvenirs… Paul est positif… Il n'a eu que du bonheur avec les jeunes m'a-t-il confié, jamais de problème…". En plus de son engagement au sein du CSB, Paul André a créé l'amicale des boulistes en 1980. Il en sera le président pendant une dizaine d'années avant d'être remplacé pat André Le Brun, "son fidèle ami, ajoute le maire qui conclut : "Paul fêtera ses 84 ans en octobre prochain et bien qu'il soit sous assistance respiratoire permanente depuis trois ans, a toujours le sourire". Et quelques larmes d'émotion ce jour-là !

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