Bégard – La Tannerie « Sous couleur » jusqu'en septembre (Album)

Samedi 25 juillet (2020) – Avec une météo bien moins que moyenne, qui n'a pas su retenir une grosse averse en début d'après-midi et laissé s'installer ensuite un ciel de traine porteur de bruine, et la Covid-19 et ses contraintes lourdes et désagréables, l'ouverture de la 9ème saison de La Tannerie ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices. Fort heureusement,...

... les membres de l'association ADER avaient dû les consulter auparavant, les auspices, car l'ouverture de la 15ème exposition d'art contemporain qu'ils proposaient en ce lieu emblématique de l'art contemporain qu'est La Tannerie de Bégard, a été une réussite. Quatre-vingts (80) personnes environ ont bravé les éléments et se sont adaptées aux conditions sanitaires imposées, pour apprécier les œuvres proposées par les trois artistes féminines invitées - Flora Moscovici, Marie-Cécile Aptel et Soo-Kyoung Lee – et mises en scène d'une très belle façon en préservant cet espace apprécié par Soo-Kyoug Lee notamment, qui venait de le découvrir : "Les fenêtres amènent la lumière naturelle et ça fait plus vibrer".

"C'était un défi pour nous, membres de l'association et associés, de rouvrir afin d'éviter une année blanche où nous n'aurions pas pu vous présenter des œuvres et des artistes en même temps, a introduit Erwan Le Bourdonnec, le président d'ADER(1) ; On sait que ce sont des pertes immenses pour la culture cette année, aussi on est ravi de pouvoir vous accueillir et d'avoir le plaisir de  partager un peu de culture dans les arts visuels". Il remercie les institutions – Département, Région, Agglomération – "et les nouveaux élus locaux" puis il rend hommage à deux artistes qui ont été acteurs de beaux moments à La Tannerie : François Seigneur, disparu en octobre dernier, "que l'on a présenté ici ; Certains se souviennent peut-être de ses partitions de peintures présentées dans l'exposition « Table à Desseins »" [NDLR : Voir "Table à Desseins" – La Tannerie explore le processus de création], et Jean-Pierre Bourquin qui est parti le mois dernier [NDRL : Voir "La patience des volcans" de Jean-Pierre Bourquin et La Tannerie – Bourquin, l'artiste sans standards].

« Sous couleur », c'est la couleur comme prétexte...

"Sous couleur, veut aussi dire sous prétexte, explique ensuite Erwan Le Bourdonnec ; Chez ces 3 artistes, l'expression de la couleur est quelque chose de très fort, de très présent, de singulier" et selon lui, présenter les trois ensembles, "ça risquait de bastonner". En fait, chacune a investi l'espace d'une façon à la fois exclusive et inclusive laissant les autres œuvres "concurrentes" se montrer. Chacune a ses particularités, "ses singularités" et si l'intention peut-être commune – faire naître un sentiment avec la couleur comme vecteur, "comme médium" - ce qui distingue les espaces investis, c'est la cohérence et l'originalité propre de chaque artiste. Et si l'on regarde au travers du prisme de l'I.R.E.C.O [NDLR : Intention, Réalisation, Expérimentation, Cohérence et Originalité], chacune d'elles possède une maîtrise spécifique de la réalisation - ici de l'usage de la couleur comme révélateur - et toutes trois ont expérimenté leurs pratiques. Mais n'est-ce pas là l'essence même de l'art contemporain : l'expérimentation et l'originalité ?!

Marie -Cécile Aptel, absente ce jour, propose des œuvres sur différents supports : vêtement, bâche et toiles sur châssis. L'une d'entre elles a retenu plus particulièrement notre attention : c'est à la fois l'œuvre et la préparation de l'œuvre. C'est l'œuvre et son intention d'être l'œuvre.

Flora Moscovici qui a investi in situ la grande cimaise et le mur du fond de La Tannerie, face aux fenêtres qui s'ouvrent sur la nature, semble avoir fait de cet espace, le miroir de ce que l'on voit dehors et de ce que l'on ne devrait pas voir dedans. "La peinture est inspirée du lieu, aussi bien du paysage, de la lumière et plus matériellement de la cimaise elle-même, avec ses défauts, ses traces d'enduit, ces choses qu'en général on cache, mais qui apparaissent avec la peinture" explique l'artiste.

Quant à Soo-Kyoung Lee, qui elle aussi a réalisé une œuvre spécifiquement pour cette exposition – un triptyque turquoise contenant des formes improbables, certaines transparentes, qui flottent sur la toile et parfois s'échappent, au point que l'une d'elles se retrouve sous la forme d'un puzzle imparfait, en bois, sur un autre mur - elle explique : "Mon travail est une abstraction, ; Je travaille en construisant chaque fois avec le temps, avec ce qui se passe dans mon humeur ; On dirait que c'est préconçu, mais en fait non, c'est un cheminement...".

La ville soutient ADER

Le maire, Vincent Clec'h, a remercié l'association ADER, "qui a permis encore que cette exposition puisse être organisée. Vu les évènements on ne pouvait pas forcément penser que cela soit possible cette année". Il réaffirme le soutien de la ville de Bégard : "On n'a  pas pu délibérer pour les subventions, on le fera à la rentrée mais sachez que vous avez notre soutien, et celui de l'agglomération aussi" et de poursuivre : "Vos expositions, votre association, votre lieu, sont connus et  reconnus au niveau local, départemental et régional ; Et même au-delà, puisque vous avez amené des artistes venus de plus loin encore" et d'ajouter : "Je trouve que c'est bien, merci de tenir bon la barre. On sait que la culture est en difficulté mais il faut faire face et on a besoin des artistes en ces moments difficiles" puis de conclure : "Malgré le temps qui n'est pas forcément beau, le thème de la couleur permet d'avoir un peu d'espoir en ce moment un peu compliqué pour que les gens viennent prendre du plaisir et garder espoir".

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Le prétexte est à saisir tous les vendredis, samedis et dimanches, de 14h à 19h, jusqu'au 20 septembre. Entrée libre et commentée si besoin par Pauline Furon, de l'Université Rennes 2 en histoire de l'art, Master Métiers et Arts de l'exposition, chargée de médiation culturelle.

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Notes : (1) ADER : Art Design Espace Roudour

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