Jeudi 23 janvier (2020), au Roudourou, Vincent Le Meaux, le président de Guingamp Paimpol Agglomération (GPA) a formulé ses vœux en présence de nombreux élus du territoire, mais pas que... En effet, ce soir-là, le président du Conseil Régional, Loïg Chesnais-Girard, avait choisi cette cérémonie pour présenter les siens aux costarmoricains. "Les enjeux et liens qui nous unissent sont créés durablement et...
... font de la Région, le partenaire privilégié des agglomérations, introduit Vincent Le Meaux ; Le Conseil Régional demande des terres d’expérimentation et nous sommes candidats à plusieurs titres : mobilités, énergies et langue bretonne". Selon le président Le Meaux, GPA est un concentré de Bretagne : "mer et terre, tourisme vert et balnéaire, grandes entreprises agroalimentaires et artisanales, exploitations importantes et développement de filières biologiques, implication pour consommer local… le tout traversé par le Trieux dont nous améliorons sans cesse la préservation". Il lance un regard prospectif – mais pas trop compte tenu de l'imminence du scrutin municipal et comme il le dira du "petit livre rouge qu'est le code électoral" - en évoquant les projets engagés tels que les mobilités, les énergies et la culture. Sur le premier point, il parle de la ligne TER Carhaix-Paimpol qu'il faudrait conforter pour en faire "une ligne expérimentale", de l'expérimentation de véhicules autonomes sur cette même ligne et de l'évolution de la gare de Guingamp en pôle d'échange multimodal, pour qu'elle soit "un point d’arrivée pour les touristes, mais aussi pour l’ensemble des habitants de l’agglomération, qui auront ainsi un accès plus direct à notre diversité culturelle, commerciale, éducative".
En matière d'énergie, il imagine la création de nouveaux producteurs d’énergie en lien avec les acteurs agricoles : "à l’heure où l’environnement est la préoccupation de tous, pour la distribution et la fabrication de nouvelles énergies, nous avons des ressources chez nous". Il n'oublie pas les enjeux maritimes et fait référence aux viviers de Loguivy de la Mer, "qui sera l’outil mutualisé des professionnels de la mer", ni la gestion des déchets récemment tombée en totalité dans les compétences de l'agglomération.
Sur l'aspect culturel, il dit attendre beaucoup du rayonnement de l'installation de l'INSEA (Institut National Supérieur pour l'Education Artistique et culturelle) dans une partie de l'ancienne prison de Guingamp, rayonnement qu'il espère s'étendre "au-delà de notre territoire, jusqu’au bout du bout de chaque commune et village de Guingamp-Paimpol" et de conclure sur ce point : "Nous devons encore nous bonifier en mettant en place une stratégie culturelle et un itinéraire culturel allant de Ploubazlanec à Carnoët".
Il parle enfin de la langue bretonne, cite le collège de Plésidy "qui peut servir de point de convergence entre différents partenaires attachés au développement de la langue, et pour lequel, la Région et l’agglomération s’unissent afin que les collégiens profitent de bonnes conditions d’accueil et d’études". Il aimerait parler de l'habitat, de piscine, d'Ehpad, "d'ambition pour nos familles", de jeunes... "mais je m’arrêterai là pour éviter toute possible encombre avec le petit livre rouge… " évoqué supra.
"Il faut réhabiliter l'art de la délibération"...
Loïg Chesnais-Girard, le président de Région, se dit heureux d'être en ce lieu emblématique selon lui : "C'est un lieu emblématique, car il n'y a pas besoin d'être supporter pour comprendre que le foot fait partie de ces rares moments où l'on peut vibrer ensemble, partager des sentiments, où on est face à toutes les différences". Pour lui, le foot, c'est finalement de la culture par la capacité qu'il a de construire des émotions, de permettre de se comprendre, de partager des sentiments et de vivre des instants en y participant ou en observant. Cette passerelle étant posée, il la franchit pour évoquer l'installation de l'INEAC, "dans ce lieu où, depuis Guingamp, elle va rayonner en France grâce aux enseignants qui vont venir se former ici". Lieu de culture sportive, lieu de culture didactique et artistique, c'est pour le président "un très beau symbole, un très beau message et c'est à l'image de ce que nous voulons pour nos villes de Bretagne, des villes qui se portent bien, des villes qui vivent intensément leurs passions, qui ont la capacité de construire ensemble des projets, de porter l'ensemble d'un territoire".
Il remercie vivement les maires et les conseillers municipaux, acteurs de cette construction : "Mon grand respect pour tous ceux et celles qui ont conscience que notre société s'appuie sur une démocratie représentative et sur des hommes et des femmes qui donnent de leur temps pour la collectivité et l'intérêt général, pour recoudre, sans jamais baisser les bras, cette société qui de temps en temps aurait tendance à se fracturer ou à générer des dissonances et des violences" et de conclure sur ce point en déclarant : "Il faut réhabiliter l'art de la délibération qui est à la base de notre démocratie".
"Participer à la souveraineté alimentaire de notre pays"...
Né à Lannion, ayant grandi à Trébeurden, Loïg Chesnais-Girard rappelle ses origines bretonnes et être là, ce soir, pour ses derniers vœux 2020, c'est un symbole : "Mes grands-parents paternels se sont connus ici, à Guingamp et c'est un symbole qui me fait du bien". Pour lui, la Bretagne a un supplément d'âme, une singularité qu'elle a su cultiver, qui ne doit pas exclure, ne pas enfermer, "qui ne doit pas se réduire à notre territoire mais qui doit nous permettre de regarder l'avenir avec cette force, cette envie d'accueillir de nouvelles personnes, de nous ouvrir à l'ensemble du monde et de nous projeter dans un avenir sans trop angoisser et en prenant soin de celles et ceux qui sont plus fragiles". Ce qui lui paraît le plus essentiel, "la mission qui doit nous transcender, nous rendre tous fiers d'être bretons", c'est la mission de nourrir les hommes, "de participer à la souveraineté alimentaire de notre pays et quelque part de l'Union Européenne en ayant conscience que c'est une fonction indispensable".
Même s'il aurait pu parler du cabillaud, il termine son intervention en parlant d'agriculture et présente trois enjeux. Le premier, c'est la préservation des terres agricoles : "Nous devons réfléchir à la manière d'économiser nos terres agricoles, car si nous continuons comme nous l'avons fait jusqu'ici, dans 240 ans il n'y aura plus de terres agricoles". Le deuxième vise l'évolution des systèmes agricoles : "La société ne peut pas demander aux agriculteurs de basculer d'un système à un autre en trois jours ; Ce n'est pas responsable ; C'est source de division, d'angoisse, voire de violence. Il faut prendre le temps pour voir les systèmes évoluer vers une agriculture productive qui intègre l'ensemble des enjeux de la transition écologique et énergétique". Enfin, le troisième, c'est l'intensité de production : "Avec 3 millions d'habitants dans la Bretagne à quatre, nous nourrissons 20 millions de français, et si nous ne le faisons pas, il sera nécessaire de produire ailleurs, dans des pays de l'Union Européenne, dans des pays hors Union Européenne, et les enjeux sociaux et environnementaux seront exportés ailleurs, loin de nos yeux" et c'est la même chose pour les marins pécheurs précise-t-il.
Puis de conclure : "J'ai confiance dans l'avenir de notre région, de nos territoires" qui sont pour lui, une chance, "car en donnant la main aux élus locaux, nous sommes en capacité de répondre aux enjeux". Terre de solidarité, de singularité, d'engagement, de sincérité, la Bretagne, dixit Loïg Chesnais-Girard, est "un territoire de liberté qu'il convient d'entretenir en prenant soin de cette démocratie participative, de cette démocratie sociale, en cultivant les débats, les échanges, le dialogue, partout sur nos territoires. C'est l'une des clés pour continuer à vivre ensemble sereinement, c'est l'une des clés pour réussir sur les sujets qui sont devant nous".