Bégard – Inauguration de la nouvelle unité Sainte-Camille

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Date de l'évènement: 
Vendredi, 15 Novembre, 2019

Vendredi 15 novembre (2019), en présence de la sous-préfète Dominique Laurent, du maire, Vincent Clec'h, de la conseillère Départementale, Cinderella Bernard, de représentants des usagers et du corps médical, de personnels et de représentants de structures partenaires de l'hôpital, Roland Ollivier, le président du conseil d'administration de la Fondation Bon Sauveur, accompagné des membres du conseil, ....

a inauguré la nouvelle unité de soins sans consentement, Sainte-Camille. "J'ai une pensée pour les personnes hospitalisées dans cet établissement, déclare-t-il ; Même s'il ne s'agit souvent que d'une étape, ce sont des périodes difficiles, mais l'on sait que ces personnes sont toujours accompagnées par les équipes, dans un parcours vers l'autonomie et le mieux-être".

Pour le Président Roland Ollivier, cette création s'imposait, "elle était attendue depuis longtemps ; Les locaux étaient très vétustes et pas du tout adaptés et on avait été pointé du doigt par la haute autorité de santé et par le contrôleur des lieux de privation de liberté". Aujourd'hui, la nouvelle unité qui a coûté 4,8M€, et accueille 25 personnes, un peu plus que ce qui existait précédemment.

Préserver, inciter, l'autonomie et la liberté d'aller et venir

Il explicite la mission de l'unité : "Quand on parle d'une unité de soins sans consentement, on pense à quelque chose qui est enfermant, mais en fait, le travail de toutes les équipes est de faire en sorte que l'autonomie, la liberté d'aller et venir soient effectivement préservées et incitées, comme d'aller à la cafétéria, pratiquer des activités éducatives, sportives et de lutter contre le désœuvrement".

Il indique que l'équipe de Sainte-Camille a été renforcée par deux infirmiers et une aide médico-psychologique et il se montre assez positif : "La Fondation évolue et on doit travailler sur l'attractivité. Il y a quelques embellies en termes de recrutements médicaux mais on n'est pas encore au bout". Pour lui, la démographie médicale reste une préoccupation de tous les instants et la Fondation doit préserver ses capacités à mener à bien les évolutions, même si la réforme des financements l'inquiète un peu. "Nous avons un rapport population soignée sur population générale qui est l'un des plus élevé de la Bretagne et l'on craint que l'on nous donne seulement un financement  rapporté à la population générale" et d'ajouter en conclusion : "Mais on ne doute pas de la sagesse des équipes en charge de cette réforme, pour bien prendre en compte, aussi, la dispersion de nos services situés en milieu rural".

De l'importance de l'attractivité du territoire en plus de celle de l'hôpital

Le Dr René Le Guern se dit ensuite satisfait d'intervenir en qualité de président de la commission médicale d'établissement. Pour lui, cette réalisation est exemplaire, tant sur le plan architectural que fonctionnel. "C'est un lieu plus digne pour nos patients, avec des chambres confortables - certes spartiates... nous sommes dans un hôpital - et un grand espace de circulation, sous un contrôle vigilant des équipes infirmières et médicales, dans un contexte de plus en plus normatif où les soins sans consentement deviennent un marathon juridico-administratif, de plus en plus pointilliste, et qui parfois supplante l'aspect clinique et même thérapeutique".

Il exprime une inquiétude au regard de la réduction du maillage sanitaire des territoires ruraux, "qui ont du mal a conserver un tissu médical et paramédical avec une relève générationnelle insuffisante, qui est encore accrue par une recomposition hospitalière qui tarde, sans projection claire pour notre futur, que ce soit pour la population locale ou les professionnels de notre établissement et des hôpitaux partenaires". Il insiste sur l'importance de l'attractivité du territoire au-delà de l'attractivité de l'hôpital, "face à une métropolisation croissante – entre Rennes et Brest – dans un pays qui est toujours centralisateur, qui veut tout contrôler et diriger". Pour lui, si le territoire n'est plus attractif et que l'hôpital ne l'est pas plus, "la question des hôpitaux se pose, devenant l'affaire de tous, dépassant largement la question de l'analyse technocratique mais également des égos territoriaux qui conduisent à vouloir tel ou tel choix à tel ou tel endroit". Comme le président, il se montre néanmoins rassurant ; Il voit des lueurs : des équipes infirmières rajeunies, de jeunes médecins qui arrivent "et d'autres qui vont venir" et il rappelle que quels que soient les locaux, "le plateau technique chez nous, c'est l'humain ; C'est le psychologue, le médecin, l'infirmier, l'assistante sociale, avec la logistique autour pour faire fonctionner tout cela au bénéfice du patient", puis de conclure avec humour : "En ce qui me concerne, je vais prolonger mon activité car il parait que dans les 5 ans qui viennent tout va s'améliorer et puis, il faut assurer la transition générationnelle".

Il y a des entrées... mais il faut aussi faire des sorties !

Pour le Dr Claire Bernard, de son propre aveu, "cette installation à Sainte-Camille est une aventure". Elle en est devenue la psychiatre référente en septembre dernier et elle remercie l'équipe –"jeune et engagée" – avec laquelle elle travaille. Pour elle, la nouvelle unité est un bel outil de travail : "C'est plus apaisé, on a beaucoup moins de contention et d'isolement et c'est un de nos combats pour la prochaine certification". Il y a des entrées presque tous les jours dit-elle, "mais il faut aussi faire des sorties" et en la matière, selon elle, il y a beaucoup de formalités, d'écritures à faire... et des risques : "On a des infanticides, des parricides, mais qui sont des schizophrènes comme les autres et quand on regarde leur histoire, il n'y avait pas de facteur prédictif qu'ils passeraient à l'acte un jour ou l'autre. On ne peut pas tout prévoir... Hormis demander un double avis et trouver des solutions pour faire sortir les patients vers d'autres établissements de soins sans contraintes ou en ambulatoire". Elle indique que certains patients sont dans le giron de la psychiatrie depuis des années et qu'il est difficile de gérer cela au quotidien. Et puis, il y a les toxiques : "plus de la moitié ont de réels problèmes. Lorsqu'ils sortent en permission, ils consomment, ils ramènent du cannabis, de la cocaïne ; Ca circule et on sait que cela peut aggraver leur pathologie délirante". Dans l'exercice de ce métier, pour elle, "il y a beaucoup de souffrance mais aussi beaucoup de plaisir" et de conclure : "On a aussi des patients très attachants, parfois très délirants, qui résistent aux traitements, mais on est habitué, on vit avec eux. Nous avons ici le demi-frère du président de la République, Emmanuel Macron, le fils naturel de Jacques Chirac, la cousine germaine de la reine d'Angleterre et bien d'autres personnages, dont Jésus qui me dit tous les jours qu'il a sauvé le monde et qu'il n'y a plus de guerre".

L'hôpital, premier employeur pour la ville

Pour le maire, Vincent Clec'h, ces nouveaux locaux sont clairs, lumineux, spacieux, confortables "et pour les agents, cela va améliorer leurs conditions de travail, et les conditions d'accueil et de séjour des patients". Il cite le chiffre de 300 patients accueillis par an. Il félicite la Fondation de s'être lancée dans un programme ambitieux pluriannuel d'investissements et il se réjouit qu'elle le fasse sur Bégard, "car on est très attaché au fait qu'il y ait un renouvellement des structures sur le site historique et vous savez l'importance économique de l'hôpital pour le territoire Bégarrois, qui est par ailleurs le premier employeur". Il souhaite que la future réforme permettra à la Fondation de continuer à travailler pour le bien-être de son territoire et il se réjouit que la ville ait noué de nombreux partenariats avec la Fondation. Il espère "que cela continue ainsi".

L'hospitalisation sans consentement est quelque chose de très complexe

"Le niveau d'évolution sociale d'un pays se mesure à la façon dont il prend en compte les plus faibles et notamment les malades" déclare la sous-préfète, Dominique Laurent pour qui l'hospitalisation sans consentement intervient toujours dans le contexte délicat d'une personne dangereuse pour elle-même et pour autrui. "Hospitaliser un proche, un administré, n'est jamais une mesure anodine ; Il y a des familles dans la détresse, touchées parfois physiquement, parfois financièrement, par la maladie de leur proche" déclare-t-elle avant de revenir sur les sorties évoquées par le Dr Bernard :  "C'est vrai que lorsque l'on travaille sur une hospitalisation sous contrainte de quelqu'un qui voulait tuer sa mère, qui a gravement blessé trois pompiers et deux gendarmes lors de son transport à l'hôpital et qu'on laisse ressortir sous 72h, on a toujours peur". Elle reconnait n'être pas médecin, mais la question pour elle se pose toujours ainsi : Était-ce une crise ? Va-t-il vraiment mieux ? "Tout cela pour dire que le choix sans consentement est quelque chose de complexe, non seulement pour la médecine, mais aussi pour la collectivité, car il contraint une liberté individuelle" résume-elle avant de poursuivre : "Nous sommes ici au cœur de l'urgence et il faut que l'on travaille tous ensemble pour gérer ces situations sans que la technicité médicale soit absente et je salue tous les efforts des personnels soignants qui s'investissent pour progresser sans cesse au service des usagers", puis de citer Louis Pasteur - « Guérir parfois, soulager souvent, écouter toujours » - et de conclure : "la devise de Louis Pasteur est intemporelle et je sais que vous avez encore de nombreux projets pour la faire vivre et même la dépasser".

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