Bégard – Municipales 2020 – Y aura-t-il de la bagarre à Bégard ?

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Date de l'évènement: 
Vendredi, 11 Octobre, 2019

Vendredi 11 octobre (2019), en réaction à l'annonce faite par le maire de sa candidature pour les élections municipales de 2020 [NDLR : Voir Vincent Clec'h se lance dans la campagne des municipales], Cinderella Bernard, la première adjointe, accompagnée de 10 conseillers de l'actuelle majorité, a tenu à faire état de son désappointement : "La démarche nous a choqués, car nous sommes une liste d'union ; Le candidat maire prône l'union, mais avec qui ?".

 

Selon l'élue communiste, trois réunions ont eu lieu depuis juin au sujet des municipales, "et le maire a annoncé d'emblée sa candidature, ce à quoi nous avions répondu que nous, nous voulions construire d'abord l'union, dans le cadre d'un projet, avant de discuter de la tête de liste.  Cet angle de discussion n'a pas été possible". Jean-Yves Jaguin acquiesce : "Il faut d'abord élaborer un projet, voir les orientations qui peuvent être prises. C'est avant tout une démarche démocratique, mais on n'a jamais eu d'échanges sur le fond à ce sujet".

"Cette façon de faire, c'est tourner le dos à l'union"

"Pour nous, cette façon de faire, de se présenter si tôt, c'est tourner le dos à l'union, poursuit Cinderella Bernard ; Les dernières élections locales ont montré l'attachement des Bégarrois aux idées progressistes que nous portons [NDLR : Européennes 2019 – Bégard vire à droite... très à droite ! ]" et d'ajouter : "du fait qu'on soit ainsi écarté, on peut s'interroger sur l'union qu'il envisage de faire et avec qui". Pour la cheffe de file du camp communiste, il est faux de dire, comme Vincent Clec'h l'a exprimé, qu'il s'agit pour lui d'une candidature collégiale qui représenterait la continuité des actions en cours, "puisque nous avons la majorité des adjoints et des délégués [NDLR : Voir § Analyse en bas de l'article], c'est faux au niveau comptable et c'est faux au niveau politique, puisque nous ne portons pas cette candidature dans ce contexte-là".

"Nous avons la majorité au niveau des adjoints et des élus, reprend Cinderella Bernard [NDLR : Voir § Analyse en bas de l'article] ; c'est donc une démarche personnelle – il en a le droit – mais on ne portera pas, nous, le poids d'une désunion, parce que ce n'est pas le cas. On est à 6 mois des élections et on avait le temps de pouvoir continuer à discuter, d'essayer de trouver un arrangement".

Un arrangement peut-il encore être trouvé ?

A cette question, l'élue communiste répond : "Le maire sortant a fait savoir que les discussions étaient fermées et depuis sa candidature, nous ne l'avons pas vu". Elle souligne qu'à la dernière réunion, son groupe s'est retiré en laissant la porte ouverte : "Nous lui avons dit que nous souhaitions avoir une discussion sur le fond d'un projet et d'un programme et pas sur un rapport de force pour qu'il y ait une candidature ou une autre et nous sommes toujours disponibles pour cela". Sans grand espoir concède l'élue, "mais quand on porte l'union, il faut la travailler jusqu'au bout, car il n'y a pas que le premier tour qui se joue, et le second tour, ça se prépare dès le premier tour".

Pour Marie-louise Daniel, élue depuis 1989, "il n'est pas besoin d'être un technicien pour être un bon maire. Nous voulons que Bégard garde le cap fixé, un cap politique, que Bégard garde le cœur à gauche et les mains ouvertes, car une fois élus, nous sommes les élus de tout le monde, sans distinction et nos actions quotidiennes le prouvent".

Pour l'heure, l'union à gauche entre les deux groupes est fragilisée. "Je ne sais pas si elle existera encore sur les élections municipales, mais elle existera dans tous les cas pour mener jusqu'à la fin le mandat actuel et le programme que nous avons porté ensemble" rassure la première adjointe ; "Notre priorité c'est que si les élections municipales deviennent un sujet tabou, ce sera une discussion qu'on écartera".

Y aura-t-il une liste PC et apparentés ?

"Pour l'instant, on prend la température ; on voit aussi comment réagit la population ; on s'intéresse à leurs ressentis, répond Cinderella Bernard qui assure avoir reçu des personnes qui ont affiché leur soutien, souhaitant qu'il y ait une liste qui se présente avec une tête de liste communiste ou apparenté. "Nous devons l'entendre mais on ne fera pas aujourd'hui d'annonce officielle de candidature, ni de tête de liste" pointe l'élue.

"Moi qui ai une certaine expérience locale et même un peu plus, je peux vous dire que les choses peuvent évoluer, intervient le maire honoraire Noël Bernard ; on peut toujours espérer trouver une solution commune à gauche, car le fond est là !", puis d'évoquer les sénatoriales. "Effectivement rebondit Cinderella Bernard, les élus de demain seront les grands électeurs des sénateurs et il faut aussi savoir clairement le positionnement des uns et des autres car tout ceci aura un impact derrière"

Une entente pour le deuxième tour ?

Sur ce point, s'il devait y avoir deux listes, Cinderella Bernard doute : "au bout de trois réunions, ça commence à être compliqué d'avoir une entente au second tour", même si pour elle, c'est primordial : "si, au terme des échanges, cette scission est avérée et qu'il y a deux listes, il faudra de toute façon qu'il y ait une liste de toute la gauche au second tour ou nous serons tous responsables du changement de gouvernance à Bégard"

Une vraie crainte que la prochaine municipalité ne soit plus à gauche ?

"Dès lors que la gauche est divisée, c'est toujours un risque, selon l'élue communiste ; C'est un risque réel et c'est pour cela qu'il faut faire attention à ce que l'on fait et à ce que l'on dit. Il ne faudrait pas que ça se transforme en combat de coq, et qu'on y perde nos plumes... On doit absolument se respecter. Il faudra qu'on se retrouve à un moment donné".

Noël Bernard dégaine une nouvelle fois son expérience et déclare avec un bel optimisme : "On finira par s'arranger".

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Analyse

Il faut préciser que depuis 1983, c'est une liste d'union qui conduit la commune, une union entre deux orientations politiques de gauche : le courant communiste et apparenté qui était, pour le dernier mandat conduit par Gérard le Caër, et le courant socialiste qui était porté par Vincent Clec'h. Les vingt-deux élus de la majorité – les cinq autres sont de la minorité BAGA(1) – étaient alors répartis comme suit : 11 élus communistes ou apparentés et 11 élus socialistes ou apparentés. Avec le décès de Gérard Le Caër et l'arrivée de Stéphane Tassel autour de la table du conseil, le camp communistes et apparentés a perdu une voix. Quant aux adjoints et délégués, aujourd'hui, il y a 4 élus socialistes et apparentés (en comptant le maire) et 4 élus communistes et apparentés.

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Notes : (1) BAGA – Bégard A Gauche Autrement

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