Bégard – Vœux 2019 #2 – La Conseillère Départementale évoque la "brièveté de l'homme absorbé" et plus encore...

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Date de l'évènement: 
Jeudi, 10 Janvier, 2019

Jeudi 10 janvier (2019), lors de la cérémonie des vœux du maire, après un hommage rendu à Gérard Le Caër, le maire décédé en janvier dernier, c'est à Cinderella Bernard, en qualité de Conseillère Départementale, que Vincent Clec'h passe tout d'abord la parole. En un peu moins d'un quart d'heure, au crayon noir, elle redessine...

...  l'année passée, et esquisse, avec le même crayon, cette nouvelle année, illustrant chacun des sujets abordés – gilets jaunes, solidarité, Comité Cantonal d'Entraide, collège, collectivités, services publics... - de considérations politiques qu'elle pose là, sans prosélytisme.

"Chaque nouvel an nous donne l'impression qu'une page se tourne, qu'il nous faut désormais regarder l'avenir, que le pire est derrière nous et que le meilleur est à venir, mais 2018 aura été une année exceptionnelle" déclare Cinderella Bernard, évoquant ainsi l'hommage rendu à Gérard Le Caër ; Je sais que ce soir l'émotion est largement partagée car il nous manque à tous". De cette année de deuil et des évènements qui ont suivi, elle retient la brièveté de l'homme absorbé en se référant à Sénèque(1), philosophe et dramaturge : "il décrit la vie en trois périodes ; De ces trois, celle que nous traversons est courte ; Celle que nous allons vivre est douteuse ; Celle que nous avons vécue est certaine".

Colère et gilets jaunes...

L'année 2018 aura donc été une année exceptionnelle pour la Conseillère Départementale, "une année qui aura soulevé la colère en divers rangs de notre société, les retraités, les agriculteurs, le milieu médico-social - ici les EHPAD, là, la maternité de Guingamp - et puis les aides à domicile et demain les fonctionnaires, les familles à qui on demande de faire plus d'efforts quand d'autres s'enrichissent". Elle note que nombre de personnes se sont d'ailleurs retrouvées dans le mouvement des gilets jaunes pour exiger la justice sociale. "Il n'y a pas si longtemps, poursuit-elle, quand l'ISF existait encore, les 350.000 plus riches de notre société redistribuaient un peu de leur richesse pour aider les moins aisés et les 9 millions de pauvres. C'était la solidarité" [NDLR : Il faut dire que 75% des dons faisaient baisser un impôt qu'ils ne paient plus désormais ! Etait-ce donc de la solidarité ou de l'intérêt personnel ?]. Aujourd'hui, pour l'élue Départementale, c'est l'inverse, "c'est aux moins aisés que l'on demande toujours plus d'effort pour permettre aux plus gros de s'engraisser ... C'est le capitalisme".

Baisse des dotations...

Cinderella Bernard évoque ensuite la baisse constante des dotations de l'Etat envers les collectivités territoriales que sont le département et les communes... "C'est tout notre système des solidarités – un système pourtant essentiel à la réduction des inégalité sociales - qui est chahuté, bousculé, cabossé ; C'est tout un pan de la population qui est mis de côté, écarté, ignoré, méprisé par Bercy". Pour elle, quand un peuple tout entier se sent ignoré dans les prises de décision, c'est toute la démocratie qui se retrouve ébranlée. "Voilà comment s'est terminée l'année 2018 ! Faites attention" met en garde la Conseillère Départementale qui cite Albert Camus :  « Quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet, mais ce n'est pas pour prendre de ses nouvelles » puis de conclure ce volet éminemment politique de son discours en se réjouissant qu'il y ait ces cérémonies des vœux, "qui nous permettent de nous retrouver - nous élus locaux - avec vous et de rêver ensemble avec l'envie furieuse de réaliser de nouveaux projets, de ne jamais céder à la résignation ou à l'indifférence, de faire communauté et d'exiger le meilleurs pour nous tous, sans en exclure un seul, car nous vivons ensemble".

Contractualisation entre le Département et la Fondation et le Foyer Logements

C'est en rendant un hommage tout particulier aux agriculteurs de Trézélan qui, en concertation et en collaboration avec les services du Département, ont réalisé un important chantier de déboisement pour permettre la réalisation des travaux d'enrobés de la RD 15 entre Trézélan et Brélidy [NDLR : Voir Tapis roulant tout neuf et dégagé entre Trézélan et Brélidy], que l'élue ramène son propos en local : "Ce travail commun est exemplaire, cette solidarité permet de répondre à l'intérêt général en améliorant les conditions de circulation et de sécurité des usagers des routes. Encore merci à eux".

Elle évoque les contrats passés entre le Département et la Fondation Bon Sauveur et le Foyer Logements : "l'année 2018 aura été le temps pour le département de réinterroger sa participation financière à la dépendance ; Des CPOM(2) ont été signés avec la Fondation Bon Sauveur et le foyer d'hébergement à Bégard. C'est un sujet important car cela peut impacter les conditions de travail des agents et le prix de journée pour les usagers". S'il est néanmoins trop tôt pour en mesurer l'impact, la Conseillère note que Jean-Claude Dauphin, l'ancien directeur de l'EHPAD, semblait satisfait des négociations. "Il n'aurait pas pu partir à la retraite sans cela et de toute façon, on ne l'aurait pas laisser partir" s'amuse Cinderella Bernard, qui rappelle "que ce contrat prend en compte les besoins d'investissement des structures et qu'ainsi la Fondation Bon Sauveur, premier employeur du canton, a reçu le soutien du Département pour l'extension de la maison des Fontaines" [NDLR : Voir Extension du FAM : une réponse aux droits des résidents].

Situation délicate pour le CCE de Bégard

En restant dans le domaine de la dépendance, Cinderella Bernard évoque ensuite la situation des aides à domicile et s'arrête un long instant sur la situation du Comité Cantonal d'Entraide. Même si elle annonce ne pas vouloir faire redondance aves les termes de sa tribune libre parue dans le dernier Bulletin Municipal, elle y reviendra très largement...

A l'origine, contraint par le Département qui met en place un "chantage financier", le CCE(3), présidé par Maryvonne Le Berre, devait rejoindre deux structures de Guingamp – le CSP(4) et ADSEVEL – une de Bourbriac - le SAMAD(5) – et une autre communautaire de Belle-Isle-en-Terre, le SECAD(6), pour ne former qu'une seule structure associative qui conclurait un CPOM avec le Département. Pour des raisons salariales – la perte d'une prime "d'usage" non inscrite dans les contrats de travail – la fusion ne s'est pas faite à ce moment-là pour le CCE. Maintenant que les garanties ont été réunies, c'est la nouvelle structure – l'ASAD(6) Argoat – constituée des quatre premières structures sus évoquées, qui ne veut plus de Bégard [NDLR : Voir Isolé, le CCE de Bégard va droit dans le mur, sauf si...].

"Je voudrais insister sur le fait qu'une concurrence féroce est en train de s'installer sur notre territoire où tous les coups sont permis, comme faire couler le CCE pour récupérer les heures d'interventions et les salariés, lance Cinderella Bernard qui confirme qu'il n'est plus question de fusionner avec l'ASAD Argoat qui se place en concurrent direct. "D'autres pistes sont donc envisagées avec la présidente du Comité" annonce l'élue qui évoque le personnel pour qui la situation devient anxiogène tant le contexte est incertain. "Soyez courageuses, lance-t-elle ; Je sais que vous aimez trop votre métier pour baisser les bras". En fait, d'après la Conseillère Départementale, les nouvelles structures fusionnées ont du mal à équilibrer leur budget et à recruter du personnel. "L'accompagnement à domicile devient un marché. A contrario, la situation du CCE – petite structure à taille humaine – est saine. Nous avons sur notre canton, ce que nous pourrions appeler un véritable laboratoire d'analyse, un observatoire, puisque nous avons à la fois une structure agréée par le Département, une structure privée et le Comité Cantonal. Ce contexte local, si on s'en donne la possibilité, pourrait permettre de bien comprendre les enjeux liés aux nouvelles politiques de solidarité mises en œuvre tant sur le plan départemental que national". C'est dans ce but que lors de la dernière Assemblée Départementale, elle dit avoir demandé que soit fait un premier bilan des fusions "car le risque est bien réel de voir s'organiser dans le Département, la pénurie du personnel intervenant à domicile". Elle revient sur les causes de la non fusion initiale du CCE et explique : "Les membres du conseil d'administration du CCE ont souhaité sécuriser les conditions de salaire du personnel et ils ont eu raison. Il fallait le faire. Il est en effet urgent de revaloriser ce métier. Et cela passe par un engagement fort du Département et surtout cela exige une plus grande participation de l'Etat", l'Etat qui, via l'ARS(7) pousse au développement de l'offre du maintien à domicile. "Il y a là une certaine incohérence avec les moyens alloués aux collectivités, note Cinderella Bernard qui clôt le sujet en déclarant : "Nous sommes convaincus, avec mon collège Joël Philippe, qu'un niveau de salaire décent permettra de répondre à la pénurie du personnel".

Le Département en accompagnement financier des projets des communes

Puis d'évoquer ensuite le collège : "Après avoir posé la première pierre en 2018, [NDLR :Voir Nouveau collège - Un atout majeur pour notre territoire et Bégard], les élèves feront leurs premiers pas dans le collège neuf à la rentrée 2019-2020". Elle rappelle que ce collège a mobilisé une enveloppe de 11M€ dédié uniquement aux bâtiments et la cour du collège. "Le Département accompagnera le projet de la médiathèque et les aménagements autour du collège, indique Cinderella Bernard ; Ces financements croisés sont aujourd'hui nécessaires pour permettre aux communes de réaliser leurs investissements, car elles doivent faire face à une baisse drastique des dotations de l'Etat, bien que les collectivités ne représentent que 10% de la fameuse dette publique et qu'elles participent à hauteur de 70% de l'investissement public". Si demain, les collectivités ne peuvent plus investir, c'est tout un pan de l'économie locale qui sera fragilisé, pense-t-elle.

"Tout porte à croire qu'il s'agit avant tout de contraindre les collectivités locales à réduire leur nombre de fonctionnaires" poursuit la Conseillère Départementale qui rappelle que le programme présidentiel d'Emmanuel Macron prévoyait la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires ; "Sachez que ce sera l'un des enjeux du budget 2019 au Conseil Départemental, alors que ce sont bien les fonctionnaires qui vous rendent service tous les jours, s'efforcent de répondre au mieux à vos besoins, que ce soit dans le domaine administratif ou social, des routes, de la santé, de l'éducation, de la sécurité, de l'environnement avec notamment l'enlèvement et le traitement de vos déchets".

Département et commune : le lien de solidarité entre les hommes et le territoire

Elle souligne le rôle fondamental du Département, mais aussi de la commune : "un rôle fondamental de lien de solidarité entre les hommes et leur territoire. Ils répondent à une logique sociale, une identité propre" et pour cela, juge-t-elle, "il est nécessaire qu'ils conservent leur autonomie financière et que les fonctionnaires puissent travailler en nombre suffisant pour rendre le meilleur service possible à la population et favoriser les chances de réussite de chacun, quelle que soit son origine sociale, culturelle ou ses convictions religieuses".

Répondre aux enjeux climatiques

Pour finir, Cinderella Bernard juge que "cette autonomie financière est également indispensable pour mener des actions fortes pour répondre aux enjeux climatiques et environnementaux". Elle évoque les bornes électriques récemment réceptionnées dans la commune [NDLR : Voir Entre la commune et le Syndicat Départemental d'Energie, le courant passe...], et la réflexion menée par le Département et la Commune sur le réseau de chaleur pouvant émaner du collège, de l'hôpital Bon Sauveur ou du SMICTRED et qui sont autant d'exemples d'actions politiques que les collectivité territoriales peuvent mettre en œuvre et développer si elles en ont les moyens. Pour information, elle indique que le Département consacre 13M€ au développement durable.

Conclusion

Après avoir évoqué le rôle des élus – "que vous avez élus, ou pas, mais qui mettent toute leur passion, leurs convictions et leurs savoir-faire au service de la population, à votre service", elle redonne un ton de politique générale à son propos, en indiquant qu'en cas de déception vis-à-vis des services rendus par les élus, "il y aura d'autres élections...C'est cela la démocratie" puis, citant Barbara Cassin, philosophe, philologue et académicienne, à propos de la montée des populismes "venant aussi bien de la droite que de la gauche", elle cite : « Je continue de croire à la démocratie ; Le moins pire des régimes disaient Aristote et Churchill, j'y crois via l'éducation, la culture qui sème dans les esprits comme on sème dans les champs » puis elle conclut : "Ensemble, à notre échelon, nous pouvons créer des richesses, partager, inventer et protéger, écouter, accompagner, construire... Nous pouvons inventer le progrès social, humain et économique dont nous avons besoin. La vie qui nous attend est douteuse, alors ne baissons pas les bras. Rien n'est écrit, tout se vit... Continuons d'avancer et le reste suivra. C'est le vœu que je porte pour cette année 2019 qui s'annonce pleine de défis".

« Chance, prospérité et le paradis, avant la fin de votre vie ».

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Notes : (1) : « La vie se divise en trois temps : le présent, le passé et l'avenir. Le présent est court, l'avenir incertain ; Le passé seul est assuré, car sur lui, la fortune a perdu ses droits et il n'est au pouvoir de personne d'en disposer de nouveau » (De la brièveté de la vie (De Brevitate vitae) (entre 49 et 55) de Sénèque -  (2) CPOM : Contrats Pluriannuels d'Objectifs et de Moyens – (3) CCE : Comité Cantonal d'Entraide – (4) CSP : Comité de Service à la Personne (5) SAMAD : Service d'Aide au Maintien à Domicile – (5) SECAD : SErvice Communautaire d'Accompagnement à Domicile - (6) ASAD : Accompagnement et Soin à Domicile - Structure constituée de l'ex CSP(4) et d' Advesel, pour Guingamp,  de l'ex SAMAD(5) de Bourbriac et de l'ex SECAD(5) de Belle-Isle-en-Terre – (7) ARS : Agence Régionale de Santé – (8) SMICTOM : Syndicat Mixte Intercommunal de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères

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