Pays de bégard – La vache... « Pétronille » valait bien un débat sur les addictions

Vendredi 12 octobre (2018), dans la continuité du vernissage de l'exposition consacrée à "Pétronille", la vache addicte de l'herbe, personnage créé par Roselyne Sévenou-Quéré pour un ouvrage de littérature jeunesse, un débat a été organisé pour parler des addictions en présence du Dr Jacques Bernard, médecin psychiatre et addictologue à ...

... l'hôpital Bon Sauveur, de Mélanie Coquelin, psychologue à la clinique d'addictologie de Bon Sauveur, du Dr François Guillo médecin addictologue et de Fabien Prat, infirmier en pré-cure sur le CSAPA(1) de Paimpol et qui travaille en liaison hospitalière sur l'hôpital de Guingamp.

En guise d'introduction du débat, Roselyne Sévenou-Quéré rappelle l'histoire de ce livre qui traite des addictions ; "Du moins, une : à l'herbe, puisque c'est une vache qui ne peut se passer d'herbe, qui en mange beaucoup et qui se rend compte que ça devient un problème puisque lorsque qu'elle n'en a pas, elle n'est pas trop en forme". En fait, ce livre, raconte-t-elle avec beaucoup d'émotion, est né d'un fait marquant, "celui de Jojo, un ami à nous, décédé il y a une année à peu près. Il est décédé, seul, avec sa bouteille, face aux vagues de Perros-Guirec. Toute sa famille vivait ce drame mais sans en parler vraiment, et je me suis dit que ce n'était pas possible qu'il soit mort pour rien ; Ce livre est né de cette histoire. Il avait 3 enfants, il était malade alcoolique".

Une boite à questions circule dans l'auditoire composé d'une trentaine de personne. Les professionnels, avec pédagogie, répondent aux questions.

Qu'est-ce qu'une addiction ?

La première question qui sera posée se rapporte aux supports utilisés pour parler d'addiction auprès des jeunes. Les professionnels parlent alors des interventions faites dans les établissements scolaires et des CJC(2). En répondant à la question posée par Mélanie Coquelin : "Qu'est-ce qu'une addiction", les mots clés du débat émergent : la dépendance à un produit, un refuge, une échappatoire, quelque chose de vécu dans la solitude, un repli, une souffrance, des non-dits...

Pour résumer, la psychologue déclare : "C'est l'adoption d'un comportement qui amène à une consommation ou à un usage abusif, comme celui des jeux vidéo, bien que cela ne soit pas reconnu comme étant une addiction. C'est un comportement régulier, répété, pas forcément quotidien, mais une répétition, qui, avec l'usage d'un produit, génère dans un premier temps un soulagement, qui libère la personne d'un malaise interne. C'est cela qui constitue l'accroche au produit : la tentative d'apaiser, de sortir de la souffrance dans un premier temps. Mais malheureusement la répétition de ce comportement, l'augmentation de sa fréquence, va engendrer des complications de santé". Pour elle, les personnes addictes développent progressivement une très bonne connaissance des conséquences négatives : "Elles savent que leur comportement va porter atteinte à leur santé, à leur environnement, à leur activité professionnelle ou scolaire, mais comme elles ne parviennent pas à apaiser leur détresse d'une autre manière, elles continuent ce comportement. Elles sont dans une impasse et en sortir, ce n'est qu'une question de volonté".

Et ce refuge, comment se construit-il ?

"Parler d'addiction, c'est parler d'émotion, déclare Mélanie Coquelin ; L'addiction c'est recouvrir ses émotions par l'usage d'un produit pour essayer de gérer une vie émotionnelle parfois difficile à gérer". L'usage du produit devient un refuge et à la question d'un membre de l'auditoire sur la façon dont se construit ce refuge, la psychologue répond : "Dans un premier temps, l'installation du refuge va être conviviale, festive. C'est un premier contact, une expérimentation, cette expérimentation qui fait partie du processus de l'adolescence. Par le biais de cette expérimentation, en fonction de la personne, de ce qu'elle vit à ce moment-là, de sa fragilité, de sa personnalité, cela va faire qu'elle va faire l'expérience mais pas forcément adhérer car cela ne lui apporte pas quelque chose de fondamental. Tandis qu'une personne qui a une fragilité, va adhérer et continuer à tester le produit jusqu'à ce que cela devienne plus régulier".

Il ressort de ce débat – [NDLR : que nous n'avons pas pu le suivre en totalité] – c'est que l'addiction est un phénomène extrêmement complexe qui regroupe de nombreux facteurs en même temps et qui peut aller jusqu'au déni. "Il n'y a pas qu'une seule explication à une addiction chez une même personne" dira Mélanie Coquelin.

Atelier d'écriture

Pour poursuivre sur le thème de l'addiction, la MJC propose le samedi 20 octobre, de 10h à 12h30 à la MJC, un atelier d'écriture animé par Roselyne Sévenou-Quéré ♦ C'est gratuit, ouvert à tous à partir de 14 ans ♦ Inscriptions à la MJC au 02.96.45.20.60

-------------------------------------------------------

Notes : (1) CSAPA : Centre de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie – (2) CJC : Consultations Jeunes Consommateurs