Fondation du Bon Sauveur : le capitaine Conan tient bon la barre

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Date de l'évènement: 
Vendredi, 13 Janvier, 2017

Vendredi 13 janvier (2017), comme chaque année en janvier, c'était la traditionnelle cérémonie des vœux de la Fondation du Bon Sauveur, suivie des remerciements aux retraités de l'année passée et de la remise des médailles du travail. La salle Anne Leroy est quasi complète, les représentants du Conseil d'Administration sont là, ...

... des usagers aussi, ainsi qu'un représentant de la gendarmerie, le maire de Bégard, Gérard Le Caër accompagné de Cinderella Bernard, en qualité de Conseillère Départementale, d'Yvon Le Moigne en qualité de vice-président de la nouvelle intercommunalité, d'Annie Le Houérou, députée des Côtes d'Armor, mais aussi d'Anne Lefebvre, la directrice du CH Lannion et Richard Rouxel, le directeur du CH Guingamp.

Comme il se doit, c'est Roland Ollivier, le président du Conseil d'Administration qui ouvre le bal en dressant le bilan de l'année passée : "L'année 2016 a vu se mettre en œuvre des résultats dans le cadre d'une politique d'investissement soutenue" et de citer quelques-uns de ces résultats : la construction du projet de la Fondation, l'appel à projet gagné pour l'accompagnement, au niveau départemental, des personnes présentant des troubles du comportement et le renforcement de la coopération entre établissements comme le groupement hospitalier de territoire (Saint-Brieuc-Guingamp-Lannion-Tréguier-Paimpol). Il rappelle que la Fondation suit près de 11.000 personnes dont 2.500 enfants et adolescents et 350 personnes accompagnées, âgées et en situation de handicap.

Une situation budgétaire équilibrée en fin 2016

"Nous avons fini l'année 2016 sur un équilibre budgétaire d'ensemble, poursuit-il ; Je sais que cela n'a pas été simple et que chacun a fait des efforts importants. L'équilibre budgétaire et financier, dès lors que nous privilégions le service rendu aux usagers, permet d'assurer notre autonomie de mouvement et de préparer l'avenir".

2017 : un programme d'équipement ambitieux

Et cet avenir, quel est-il ? "En 2017, nous allons poursuivre un programme d'équipement ambitieux" annonce le président Ollivier. Mais 2017, c'est aussi la mise au point du projet de la Fondation, déjà sur les rails avec, notamment, la création de forums citoyens (NDLR : Voir "La Fondation Bon Sauveur en quête de regards extérieurs"), le projet territorial de santé mentale "en étroite collaboration avec nos collègues du Groupement de coopération sanitaire et nos partenaires du champ social et médico-social", le renouvellement du bureau du Conseil d'Administration de la Fondation et l'adaptation des statuts, "comme nous invite à le faire la loi pour laisser une place à l'expression consultative des usagers".

Il remercie justement les membres de ce Conseil - "qui, rappelons-le, sont des bénévoles" – pour leur engagement "dans les différentes instances de la Fondation" ; Il remercie aussi l'équipe de direction, "qui tient le cap sous la houlette d'un capitaine - le capitaine Conan, dira plus tard Gérard Le Caër - à la fermeté bienveillante", l'équipe médicale représentée en la circonstance par le docteur Le Guern, l'ensemble des cadres et des équipes "de tous secteurs de la Fondation, à quelque niveau qu'ils exercent", les représentants des familles et des usagers, "et les usagers eux-mêmes qui exercent dans différentes instances et qui sont les garants du respect des droits, comme l'adaptation de la Fondation aux besoins des personnes".

Et de poursuivre : "Cette année, la Fondation va fêter ses 160 ans, et dès l'origine, elle fait partie de l'histoire et du patrimoine de la ville de Bégard et je voudrais aussi dire que la Fondation se nourrit de l'écoute et, je pense, de la confiance des élus". Sur ce point, il remercie le maire de Bégard pour la richesse des échanges qu'il a facilités lors de la dernière commission de surveillance qu'il a présidée : "Je vous remercie pour la qualité des échanges noués avec vous, les élus de la ville et vos collaborateurs. Je suis sûr que la direction est très attentive pour poursuivre en cette voie".

Le défi de l'attractivité

En guise de conclusion, Roland Ollivier formule quelques vœux, en réponse à quelques défis… Comme celui de l'attractivité pour les professionnels et les médecins – "c'est très difficile, mais je suis persuadé qu'avec un projet dynamique et fédérateur, la Fondation dispose de quelques atouts" – et celui de la tenue d'un dialogue social "loyal et sincère" ; "Que sur le plan conventionnel, les discussions aboutissent vers des propositions qui prennent en compte les préoccupations des salariés".

Nous retiendrons, comme conclusion de l'intervention du président du Conseil d'Administration, ceci : "Le conseil sera attentif à la mise en œuvre des recommandations qui seront adoptées après la consultation lancée auprès des personnels qui ont largement répondu. Il y a des signaux qu'il faut prendre en compte et il y a aussi l'expression d'un attachement profond à l'institution et c'est un gage de solidité de la relation entre la fondation et le personnel".

 

Le Capitaine Conan : la Fondation sait "garder le cap"

Pour Pascal Conan, le directeur de la Fondation, qui intervient ensuite, après avoir listé les différents défis à relever, qu'ils soient d'ordre médical - "avec la difficulté de recruter" - technologique, juridique – "avec la réorganisation du système de santé et la judiciarisation des prise en charges et permanence des avocats pour certains patients" – financier – "non augmentation, voire diminution des budgets" – ou social – "sans augmentation de la valeur du point des rémunérations dans la convention collective contrairement au secteur public" – il dit sa confiance : "La Fondation sait « garder le cap », maintenir son attractivité et globalement ses emplois, enrichir ses partenariats et surtout assurer la prise en charge des patients et des résidents dans un souci de qualité du service rendu au public".

Dans un contexte national qui classe les maladies mentales au 3ème rang après le cancer et les maladies cardio-vasculaires – "les troubles psychiques et les maladies mentales tiennent une place importante dans la vie d'au moins un quart de la population selon le Haut Comité de Santé Publique" – la répartition des médecins au niveau national est un problème dit le Directeur. "En 30 ans, l'effectif de psychiatres a été multiplié par 2,5 en France… On compte 22 psychiatres pour 100.000 habitants et il devrait donc y en avoir 53 pour les 250.000 Costarmoricains". Il y en a 22 à la Fondation ; Pour Pascal Conan, à l'image d'autres pays dans lesquels les actes sont réalisés par d'autres professionnels, "il faudra que dans le projet d'établissement, une réflexion soit engagée sur les délégations de tâches encore plus fortes vers les psychologues et les infirmiers".

Côté effectif médical, 5 médecins, dont 2 pédopsychiatres sont arrivés en 2016 – "mais il a fallu composer avec 3 autres départs" – et un médecin supplémentaire, en formation de psychiatre actuellement, prendra ses fonctions en février. Cette situation fait dire à Pascal Conan, "que la Fondation n'est pas restée inactive face à cette situation". Ainsi, elle a obtenu l'agrément pour recevoir des internes en psychiatrie - "mais aucune obligation n'est faite aux internes pour venir en stage à Bégard" – elle s'engage dans la formation à la psychiatrie des médecins généralistes, elle participe au contrat local de santé du Pays de Guingamp - "qui développe des formules pour l'attractivité médicale" - et elle favorise les synergies avec les hôpitaux généraux pour permettre le travail en équipe hospitalière.

Pour 2017-2021, 15M€ d'investissements

Concernant la situation financière de la Fondation, équilibrée a dit supra le Président, "tout l'enjeu à venir sera de maintenir les équilibres financiers tout en développant les projets des établissements en intégrant les charges d'investissements importants à venir". Des faits porteurs d'économies se profilent – "il s'agit du transfert du Crédit d'impôt pour la Compétitivité et l'Emploi (CICE) dans le secteur associatif pouvant conduire, dès le début de l'année à une baisse des charges sans réduction des budgets en conséquence" – mais il reste, semble-t-il, à convaincre les financeurs départementaux. "Soyons confiants et prudents, conclut sur ce point le directeur de la Fondation, car nous n'avons aucune certitude sur la pérennité de ce dispositif qui serait pourtant une « bouffée d'oxygène »".

En face de cette situation financière non stabilisée, se profilent 15 millions d'euros d'investissements sur le quinquennat 2017-2021. Les principales opérations sont la construction du pôle infanto juvénile de Pabu – "4,2M€ et le démarrage du chantier est imminent" – le déménagement et l'extension de l'unité de soins sans consentement Ste Camille – "4.5M€ ; Le cabinet d'architectes est Michel Château de Loudéac" – l'extension du FAM(1) (1.5M€) et de la MAS(2) (1,9M€) – "deux opérations dans le secteur médicosocial attendues de longue date par les résidents et les autorités de financement (ARS et Conseil Départemental)" – et quelques autres et nombreux projets comme la cuisine (500.000€), l'hôpital de Jour Enfant Paimpol – "300.000€ ; Il sera mieux installé dans l'école de Kérity" – le déménagement du SAVS(3) de Plourivo à l'école de Kernoa et celui du centre méthadone de Lannion, "qui a subi un retard indépendant de la volonté de la Fondation".

Le projet d'établissement : Quelques principes forts

Après être revenu sur quelques faits marquants de 2016 comme la visite de certification de la Haute Autorité de Santé – "passée avec succès ! Le Centre hospitalier est classé dans la catégorie B des bons établissements ; Parmi les points forts, le professionnalisme des soignants a été relevé et des recommandations ont été formulées : reconstruction de l'unité de Ste Camille, la mise en chambre d'isolement et les pratiques médicamenteuses" – l'évaluation externe du CSAPA(4) – "la visite de conformité de l'ARS a montré la nécessité de trouver une autre implantation dans les locaux du CH de Lannion, mais aussi Paimpol et Guingamp et a mis en exergue l'implication des personnels et le travail en réseau particulièrement actif et fluide conduisant à des prestations de qualité au profit des usagers et de leur entourage" – et le lancement du Projet d'Etablissement de la Fondation.

C'est sur ce dernier point que s'est penché Pascal Conan en fin de son intervention, en exposant notamment les points forts du projet : le rôle de l'infirmier d'accueil et d'orientation - "pierre angulaire du parcours du patient entre l'extérieur (les établissements de santé, les médecins libéraux) et la Fondation" – la meilleure articulation de la prise en charge amont et aval de l'hospitalisation – "le patient au bon endroit au bon moment" – le passage d'une logique de placement à une logique de parcours – "parce que les problèmes sociaux d'insertion et de logement sont souvent des freins à la sortie des patients, le SAMSAH(5), le SAVS(3) et le CMP(6) vont se coordonner pour accompagner les personnes vers l'autonomie sociale dans des logements adaptés appelés « trois logis »" – l'usage des nouvelles technologies de l'information pour les usagers dans un but social et thérapeutique – "c'est à dire développer l'usage du dossier patient informatisé, favoriser les échanges avec les partenaires extérieurs (messagerie sécurisée), mais aussi mettre en place de nouveaux logiciels en matière de suivi de la qualité et de gestion documentaire et informatiser les établissements médico-sociaux et la pharmacie".

Enfin, en assurant "que la Fondation sera très attentive à concilier coopération et qualité du service rendu", Pascal Conan, le capitaine Conan, affirma sa volonté "d'ancrer plus encore la Fondation dans son territoire" ; "L'offre diversifiée qu'elle met à la disposition de la population démontre tous les jours le travail réalisé de l'urgence hospitalière à l'hébergement en passant par de multiples formes de prise en charge, ajoute-t-il, et notre participation aux contrats locaux de santé du Pays de Trégor et de la communauté d'agglomération de Paimpol Guingamp, à l'animation de soirées d'informations sur la prévention du suicide se poursuivra, comme se poursuivra notre participation à la Semaine d'Informations sur la Santé Mentale qui se déroulera en 2017 sur la thématique : santé mentale et travail".

C'est sur ces (presque) derniers mots que Pascal Conan conclura son intervention, en adressant ses vœux, mais surtout des remerciements "à toutes les équipes soignantes, médicales, techniques, logistiques, administratives pour le travail accompli en 2016". Il y ajoute un témoignage de reconnaissance particulier pour le Docteur Le Guern, et les Chefs de Pôles "pour leur investissement au quotidien dans la prise en charge des patients et le bon fonctionnement médical de la Fondation"… mais aussi au président du Conseil d'Administration et aux Administrateurs, "avec qui la collaboration s'effectue dans un climat de grande confiance".

 

Gérard Le Caër - Ville et Fondation : "Une mutualisation intelligente"

Après la projection d'une sympathique vidéo dans laquelle les personnels présentent leurs réalisations 2016 et leurs projets 2017, c'est Gérard le Caër, qui prend à son tour la parole : "Ces images montrent combien les personnels se subliment au profit de l'usager […] et que serions-nous si nous n'avions pas cet hôpital, cette Fondation, qui s'occupe des gens qui souffrent de problèmes psychiatriques ? Bravo et merci à toutes et tous qui travaillez au quotidien au service de la population de notre territoire, avec une implication remarquable". Malgré le contexte actuel, il remarque que l'établissement va bien - "il réussit son équilibre financier" – et comme il l'a déjà dit, notamment lors de la clôture de la communauté de communes du Pays de Bégard, "il faut rester positif ; On doit se permettre des choses, être imaginatif, coopératif et solidaire" et sur ce point, il se réjouit de l'excellence des relations entre la ville et la Fondation, "on s'entend bien, on s'appelle rapidement, on trouve des solutions aux problèmes qui se posent et c'est une mutualisation intelligence, et maintenant que nous sommes dans une grande communauté d'agglomération, je pense que l'on va pouvoir faire avancer le projet de la salle culturelle".

Le défi de Cinderella Bernard : remettre les subventions départementales à la hauteur de ce qu'elles étaient avant

La conseillère départementale, Cinderella Bernard, rappelle ensuite qu'en 2016, la majorité départementale avait réduit de 350.000€ la subvention à destination de la Fondation, aussi s'engage-t-elle dans un défi : "La fondation du Bon Sauveur est le premier employeur du territoire. C'est important et le défi pour moi, le vœu que j'émets, c'est de convaincre les élus départementaux de la majorité de la nécessité de remettre les subventions à la hauteur de ce qu'elles étaient avant, en prenant en compte les projets, les exigences de l'ARS, la population qui est dans le besoin et le personnel qui a besoin d'avoir les moyens de fonctionner pour bien faire son travail".

Annie Le Houérou : revoir les conditions de formation et de recrutement des médecins

Enfin, la députée Annie Le Houérou, remarque, au travers de la projection de la vidéo, "la diversité des métiers, des activités faites dans ses murs et hors de ses murs". Comme la Conseillère Départementale, elle rappelle que la Fondation est le premier employeur pour Bégard, "mais aussi plus largement, au-delà du canton de Bégard" puis de déclarer : "Au travers des projets présentés, il y a manifestement une équipe qui s'adapte aux nouveaux besoins de la population, mais aussi aux évolutions techniques de la santé mentale", et d'ajouter : "J'ai un rôle très précis à jouer dans la défense d'un établissement comme celui-ci" et notamment, dit-elle, en ce qui concerne le recrutement des médecins ; Ainsi, elle milite "pour que l'on revoit les modalités de formation des médecins et les conditions de recrutement en relevant le numérus clausus". Enfin, s'attachant à la situation financière de l'établissement, elle affirme : "grâce à l'équilibre financier, l'établissement gagne aussi en autonomie et sans cet équilibre, vous ne pourriez pas porter les projets que vous souhaitez. Le CICE va permettre de diminuer de 4% les charges salariales… Ce n'est pas rien, 4%, quand on sait que les charges salariales sont la dépense la plus importante de cet établissement. Aussi, je forme le vœu que vous les obteniez et je souhaite que cet argent puisse aussi permettre de revaloriser les carrières professionnelles des agents".

Trente-quatre départs à la retraite

C'est sur cette intervention de la Députée que s'est terminée la phase "Discours" ! Place maintenant à la phase "Récompenses"... et il y en avait de nombreuses. Pour les retraités de l'année tout d'abord, ils étaient 34 (pour 29 l'an passé), dont 19 infirmiers, 5 aides-soignants, 1 cadre de sante, un psychomotricien, un orthophoniste et du personnel administratif et logistique. Gilbert le Blévennec, comme chaque année, a retracé le parcours de chacun, du moins au sein de la Fondation, pratiquant avec maîtrise le "supplice" de la remise de la photo du récipiendaire, prise il y a des années en arrière et avec humour le rappel de quelques anecdotes.

Pour ce qui est des médailles, 13 en argent ont été remises pour 20 ans de travail, 18 pour 30 ans de travail (échelon vermeil), 26 en or pour 35 ans de travail et 28 pour 40 ans de travail (Echelon Grand-Or). Il est certain que nous en reverrons certains, à un échelon supérieur, dans… cinq ans, lors des vœux de la Fondation.

Dans l'ordre, quelques-uns des retraités de 2016 et des médaillés Argent, Vermeil, Or et Grand-Or ...

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Notes : (1) FAM : Foyer d'Accueil Médicalisé – (2) MAS : Maison d'Accueil Spécialisée – (3) SAVS : Service d'Accompagnement à la Vie Sociale – (4) CSAPA : Centre de Soins d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie – (5) SAMSAH : Service d'Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés – (6) CMP : Centre Médico-Psychologique

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